Malentendu (avec Toma Sayashi) [Topic à déplacer]

C'est emmitouflée dans de doux draps de cotons, que Noeru s'est réveillée ce matin-là... Sa fièvre était apparemment largement retombée, mais malheureusement elle ne souvenait pas de sa fin de soirée. En ouvrant les yeux, la jeune fille se rendit compte qu'elle n'était pas dans sa chambre. Elle regarda tout autour d'elle, observa la pièce dans les moindre détailles, mais ne reconnaissait absolument pas l'endroit. Elle se rappela ensuite qu'elle avait passée un moment avec Toma le soir d'avant et connaissant approximativement sa façon d'être, pris peur. Si elle était dans le lit de son professeur, ça n'était certainement pas pour rien.

Elle se leva donc dans la précipitation, trébucha au passage sur le drap du duvet qui était à moitié par terre et se dirigea presque en courant vers la porte qu'elle ouvrit de manière brusque. Elle avait peur. Peur qu'il se soit passé quelque chose entre eux cette nuit là, qu'il ait abusé d'elle. Elle le chercha du regard dans la pièce qui s'étalait devant elle, les larmes aux yeux, la boule au ventre. Mais quand elle le vit, elle ne put s'empêcher de se ré-enfermer dans la chambre, en priant pour qu'il n'ait pas eu le temps de la voir. Elle ne savait pas pourquoi elle avait fait ça. En plus elle avait des tonnes de question à lui poser, mais elle n'en avait pas le courage, elle était totalement bouleversée et elle avait peur des éventuelles réponse. Assise appuie contre la porte, bloquant ainsi l'ouverture de cette dernière, elle se mit à réfléchir. A chercher des éléments dans sa mémoire qui laverait Toma de tout soupçons. Mais cette double sensation de trahison la déconcentrait. Si ce qu'elle pensait c'était vraiment passé alors le roux l'avait trahi, et elle, avait trahi Klaüs.

Toma n'avait pas très bien dormi cette nuit là. En effet, toutes les heures, il était allé dans sa chambre vérifier l'état de son invitée plus qu'impromptue de la soirée dernière.
Il était à présent huit heures et demi du matin, le soleil caressait doucement le visage de Toma, qui était assis sur le canapé, réfléchissant à ce qu'il allait bien pouvoir dire à Noeru. Les filles se faisaient toujours des idées bizarres lorsqu'elles se retrouvaient dans un lit autre que le leur... Comment allait-il pouvoir expliquer à une adolescente, qui a la tête sûrement imbibée de téléfilms romantiques, que rien ne s'était passé; mission impossible.

Toma se leva et se rendit dans sa chambre pour y prendre des vêtements, non sans un regard pour l'endormie, qui semblait encore loin au pays des songes. Il se dirigea ensuite vers sa salle de bain, où il prit une douche pour se réveiller, ou du moins, pour se tenir éveillé. Il s'habilla ensuite et rejoignit son salon.

Un bruit retint son attention au moment où il y arriva, c'était une détonation qui provenait de sa chambre. Tout se passa très vite ensuite. La porte s'ouvrit sur une Noeru bouleversée, perdue.

" Ça v..."

Mais Toma n'eut pas le temps de finir sa phrase, que la porte s'était déjà refermée et Noeru avait disparue.
Toma avait donc raison de s'inquiéter, elle pensait vraiment qu'ils s'étaient passé quelque chose de considérable entre eux. Il s'approcha de la porte et s'y adossa.

Il était plus que fatigué, et même un peu énervé, il décida donc de se jouer d'elle, en guise de vengeance pour cette horrible nuit qu'elle venait de lui faire passer.

" Tu n'étais pas aussi craintive, cette nuit..."

Elle n'en croyait pas ses oreilles, à ce moment elle le détestait... Non... Elle le haïssait... Elle ne répondit rien mais éclata en sanglot, en faisant de son mieux pour que ce soit inaudible, plus qu'hier elle ne voulait pas pleurer devant lui. Déjà assise elle se laissa tomber sur le coter, sans amortir le coup. C'était douloureux, mais de loin pas autant que ce qu'elle ressentait en ce moment. Elle lui faisait confiance, mais par deux fois entre le jour d'avant et ce matin même, il lui avait prouvé qu'elle n'aurait pas du...

Elle finit par se lever, la rage prenant le dessus sur la tristesse elle avait envie de lui faire du mal, de le faire payer. Elle ne savait pas comment, mais c'était son souhait le plus cher, pour le moment. Elle prit un objet, au hasard et commença à cogner tout ce qu'elle trouvait, aveuglée par la colère. Toma avait touché un point extrêmement sensible. Peu importe les conséquences, elle n'y pensait pas du tout. En fait elle avait fait le vide dans son esprit elle ne pensait à plus rien... C'était comme un robot, faisant des mouvements par programmation, automatisme... Mais elle elle y mettait tout ce qu'elle avait. L'excitation fit ré-augmenter sa fièvre. Après tout, tout le monde le sait, quand on ne va pas bien il faut rester allonger et ne pas trop s'épuiser au risque d'empirer la chose...

Toma était fier de lui, il avait touché un point sensible qui montrait qu'elle tenait un peu plus à lui que ce qu'elle ne voudrait lui avouer. Il l'entendit sangloter d'abord, puis il l'entendit ensuite mettre sa chambre à sac. Cela le mettait hors de lui, certes, il avait été exécrable, mais elle n'avait pas besoin de détruire sa maison.
Une fois que le vacarme fut devenu moins bruyant, il entra dans la chambre brusquement, attrapa ses deux mains et la plaqua contre le mur le plus proche, souriant afin de se contenir au maximum, et de ne pas montrer sa colère.

" C'est bon t'as fini là ? "

Il était furieux oui, mais surtout inquiet à vrai dire. Il ne voulait pas qu'elle se blesse, étant donné son état, il ne voulait pas non plus qu'un accident leur attire des problèmes à tous les deux.
Il soupira, puis toujours souriant, il ajouta en chuchotant:

" Je ne t'ai rien fais moi cette nuit. Toi par contre..."

Il fit en sorte que leurs lèvres se frôlent, et il réduisait la distance entre eux à chaque seconde qui s’écoulait. Puis il s'éloigna d'elle une nouvelle fois, un sourire arrogant accroché aux lèvres, il mit les mains dans les poches et regarda en l'air.

" Tu pourrais me remercier... J'aurai pu te laisser toute seule dans ce bar, à la merci de tous ces ivrognes..."

Toma guettait sa réaction, mais il savait qu'il ne parviendrait pas facilement à la calmer...

Son regard était vide, aucune émotion ne s'y reflétait; elle ne l'écoutait pas. Le schéma ce reproduisait: tout d'abord la tristesse, la colère, puis enfin, l'abandon, l'ignorance.

"Lâche moi."

Elle le dit de manière froide, ce qui reflétait ses sentiments. Elle ne voulait plus avoir à faire à lui. Cet homme qui l'avait tant fait souffrir... Noeru était une fille mature, si un homme lui faisait du mal, qu'importe à quel point elle était amoureuse de lui, elle n'allait pas continuer à écouter ses belles paroles.

Toma fut surpris de la froideur avec laquelle son élève s'était adressée à lui. Il ne s'attendait pas à un tel calme apparent de sa part. Cependant, il ne montra pas son désarroi et fit comme s'il ne l'avait pas entendue. Il lui barra le passage de son bras droit et lui prit le menton.
Il ne dit rien tout d'abord. Il cherchait à comprendre son comportement. Pourquoi était-elle si compliquée ? Elle était si différentes des autres femmes qu'il avait eu le loisir de rencontrer jusqu'alors... Elle lui résistait, et bien que ce fut un challenge très intéressant à relever et qui le divertissait grandement, la fierté du roux prenait cher à chaque fois que la jeune fille était présente à ses côtés.


" J'aimerais savoir ce que j'ai fait de mal pour que tu m'en veuilles autant ?"


Évidemment, Toma savait ce qu'il avait fait de mal. Lui faire croire qu'il s’était passé quelque chose d'important entre eux cette soirée là était un acte odieux, mais c'était de bonne guerre et le professeur de sport espérait que la jeune fille ne lui en tiendrait pas vigueur trop longtemps. Il se dirigea doucement vers la porte de sa chambre, qu'il ferma à clé. Et tout en rangeant la clé dans sa poche, il se rapprocha de Noeru, murmurant:

" Je sais que tu as beaucoup de question à me poser. Donc vas-y."

Il lui posa des questions qu'elle ignora totalement. Elle refusait de rentrer dans son jeu à nouveau. Elle savait que si elle répondait, il essaierait de la séduire à nouveau... Elle savait que dans tous les cas il y arriverait, alors mieux valait ne pas prendre le risque; ne pas lui laisser l'occasion de le faire. De plus sa fièvre étant remontée au même niveau que le soir d'avant, à cause du fait qu'elle ait laissé sa colère prendre le dessus, elle n'était plus vraiment présente, encore une fois...

En faite, en y réfléchissant elle était tentée, les questions lui picotaient la langue, elle voulait absolument les lui poser, mais elle se l'interdisait. Elle évitait toujours son regard et même son visage en regardant sans cesse le même point invisible.

Mais l'odeur de son professeur était tellement envoûtante, quand il se penchait sur elle, elle se sentait fondre... Et sa voix... C'est yeux, son visage et son corps; elle ne lui résistait pas. Ça lui donnait envie de lui pardonner, de faire comme si rien ne s'était passé. Mais malgré cela elle faisait de son mieux pour rester impassible et y arrivait d'ailleurs, plutôt bien. En fait, elle attendait qu'il lâche le morceau, qu'il la laisse partir. Elle n'avait de loin pas envie de lui procurer la joie de s'énerver encore contre lui, de lui montrer un nouveau signe de faiblesse.

Elle ne faisait pas semblant d'être forte, non, elle l'était. Aux premiers abords Noeru, était une adolescente naïve et sociable, en bref une gamine normale. Mais sous ces airs, ce cachait une fille forte et imprévisible qui savait poser des limites et qui savait stopper une relation quand ça dégénérait, mieux que beaucoup de femmes adultes... Certes elle penserait à lui, oui ce sera difficile, mais elle avait l'intention de ne plus lui adresser la parole...

La jeune fille en face de lui semblait être décidée à l'ignorer, elle s'était réfugiée dans une sorte de mutisme qui, ainsi, éviterai à Toma de retourner un de ses paroles contre elle.
En cet instant, le roux aurait dû se sentir flatté. Cela montrait que ce qu'il disait et faisait pouvait la toucher et que, ainsi, elle n'était pas dénuée de sentiments envers lui. Seulement, en ce moment, Toma était plus fatigué et énervé que jamais, sa nuit avait été horrible, il s'était inquiété pour elle jusqu'à l'aube et même après... Il n'en pouvait plus de ses caprices de gamine. Il alla s'assoir sur son lit, la clé de sa chambre dans sa poche.

Pour la première fois depuis qu'il l'avait rencontré, Toma montra un de ses réel sentiment, sans aucunes arrières pensées. Sa fatigue et son énervement se lisaient à présent sur son visage. Il dit alors froidement à son élève.


" Écoute, j'en ai marre de perdre mon temps. J'ai pas dormi de la nuit, donc tu vas vite me poser les questions que t'as envie de me poser pour que je puisse dormir un minimum aujourd'hui."


Il marqua une pause. Il hésitait à lui demander de choisir entre lui poser ces questions, ou bien de partir. En cet instant, Toma savait qu'elle préférerait partir plus que tout au monde. Il sortit la clé et la mit à la hauteur de ces yeux afin que Noeru la voie, et que, par la même occasion, il puisse croiser son regard océan.


" De toute façon, je te laisserai pas partir tant que l'on aura pas réglé le problème"


Et il rangea la clé dans sa poche, attendant une réponse de son interlocutrice.

Voulant quitter l'endroit au plus vite, elle finit tout de même par lui dire le fond de ses pensées. Sa voix était faible et cause de sa fièvre et des sentiments que lui provoquait sa réponse.

"Pourquoi.. Es-tu aussi cruel... Avec moi... Qu'est-ce que j'ai fait pour que tu veuilles autant me faire souffrir... Qu'est-ce que tu ressens pour moi exactement... Rien..? Alors, fout moi la paix, d'accord? Laisse moi tranquille... Je n'aurais jamais du..."

Elle s'interrompit, se laissant glisser les longs de la parois, la tête dans les mains. Sa tête lui faisait beaucoup trop mal elle n'en pouvait plus, elle était épuisée...

Les mots prononcés par la jeune fille lui transpercèrent le cœur. Oui, il jouait avec elle en sachant pertinemment que cela pouvait la blesser. Seulement, une fois confronté à la réalité, ses sentiments étaient tout autres. Il se sentait minable de lui avoir fait ça, de lui avoir fait croire qu'il pourrait y avoir quelque chose entre eux. Car non, Toma ne voulait rien d'autre que de l'ajouter à son tableau de chasse, comme nouvelle victime, du moins, c'est ce qu'il pensait.

Il n'avait jamais ressentis de pareils sentiments. Il avait déjà vu des dizaines de filles pleurer pour lui, mais c'était la première fois qu'il était touché par l'une d'elle. Mais il ne voulait pas se l'avouer. Il ne pouvait pas s'y résoudre.

Ce qu'il ressentait pour elle ? C'était évident. Mais pas pour lui, il était dans le déni total et ne pouvait se l'admettre, il fuyait.
Cet excès de lâcheté de sa part l'écœurait. Il n'avait plus adressé un regard à Noeru depuis le dernier regard qu'ils avaient échangé. Il ordonna, d'une voix froide et sans lui adresser un regard.


" Sors. Tu ne veux plus me voir ? Libre à toi. Va te réfugier dans les bras de ton Klaüs."


C'est juste après l'avoir dit qu'il regretta ses paroles... Seulement quelques mots avait fait naître la peur de l'absence de Noeru, le manque, et même la jalousie. Mais une fois encore, Toma était dans le déni total, et il ignora ces sentiments. Il lui lança la clé, mais il l'entendit tomber par terre, ce qui voulait dire qu'elle ne l'avait pas rattrapée. Il se tourna vers elle et découvrit avec stupéfaction qu'elle était en train de faire un malaise. Il s'approcha d'elle à une vitesse dépassant l'entendement, la prit dans ses bras et la déposa sur son lit, pour finalement lui apporter les premiers soins, comme il le fit la nuit dernière.


" Ça devrait te rappeler des choses cette situation, parce que c'est exactement ce qui s'est passé cette nuit..."


Ensuite, voulant aller chercher de l'eau, il constata avec stupéfaction que la clé était passée sous la porte, et que ses doigts étaient trop gros pour aller la prendre. Il alla se rasseoir auprès de Noeru et l'observa.


" Je suis désolé... Mais tu vas devoir me supporter un peu plus longtemps.


Et il sourit.

" Sors. Tu ne veux plus me voir ? Libre à toi. Va te réfugier dans les bras de ton Klaüs."
C'est exactement ce qu'elle voulait faire, croyait-elle. Mais la façon dont il l'avait dit lui brisa le coeur, la froideur avec la quelle il venait de la rejeter... Elle entendit un petit objet tomber à côté d'elle, un faible tintement... La clé? Elle n'en savait rien, n'ayant pas la force de lever la tête pour le voir. En ce moment en faite, le simple fait de bouger un de ses membres, de tourner les yeux, lui demandait trop d'efforts. Elle avait l'impression que son cerveau c'était transformé en grosse caisse et que ses neurones la faisait battre au rythme de ses pulsions sanguines.

Elle entendit des pas précipités, des pas qui résonnaient dans sa tête, rajoutant ainsi des timbales à l'élément précédent. Puis un contacte, les mains douces et chaudes de son professeur, la saisissant avec délicatesse pour la déposer sur son lit. Elle commençait à grelotter, bien que la pièce soit chauffée et à avoir des sueurs froides, son état était pire que le soir d'avant. Il s'occupa d'elle, fit en sorte qu'elle aille vite mieux. Et comme si ça ne suffisait pas, son coeur amoureux, battait la chamade.

" Ça devrait te rappeler des choses cette situation, parce que c'est exactement ce qui s'est passé cette nuit..."

Alors il s'était uniquement occupé d'elle? Il n'avait pas profité de son état pour abuser de sa personne? La malade était soulagée. Elle sourit. Ses paupières étant devenues trop lourdes et la lumière l'aveuglant, elle ferma les yeux. Puis les timbales retentirent à nouveau. Apparemment il s'était levé et allait quitter la pièce, mais malheureusement pour sa tête, il s'en dissuada et revint vers elle, après un léger temps de pause (elle ne savait pas ce qu'il avait fait à ce moment-là).

" Je suis désolé... Mais tu vas devoir me supporter un peu plus longtemps."

Elle ne comprit pas pourquoi il avait dit ça, mais elle ne se sentait pas la force de réfléchir et encore moins de répondre. Elle hocha légèrement la tête et se laissa partir, allant rejoindre les bras de Morphée...

Toma la regarda s'endormir encore quelques instants, puis il se mit à réfléchir à une solution pour les sortir de sa chambre. Il avait extrêmement chaud, mais, ne pouvant pas ouvrir les fenêtres, il retira son T-shirt puis se remit à réfléchir. Comment pouvait-il ouvrir la porte alors que la clé était de l'autre côté de la porte ?

Il se mit à chercher une règle, mais malheureusement, il n'y en avait pas dans sa chambre, étant donné que ces études étaient terminées depuis un bon moment. Il chercha plusieurs solutions à leur problème ainsi, mais en vain...

Il finit par s'appuyer sur le rebord de son lit, regardant Noeru. Sa respiration était forte, ses joues étaient rouges et, sur son front, perlaient de nombreuses gouttes de sueurs froides. Il retourna le chiffon destiné à faire baisser la fièvre, et qui semblait fonctionner d'ailleurs, puis se remit à l'observer.

A ce moment précis, Toma ne voulait rien d'autre que d'être après d'elle. Ils étaient une nouvelle fois très proches, leurs souffles se mêlant l'un à l'autre. Toma fut tenter de profiter de cette opportunité pour l'embrasser mais il se ravisa au dernier moment. Il ne voulait pas qu'elle ait une raison de lui en vouloir. Il écarta quelques mèches de cheveux et la regarda une nouvelle fois en soupirant. Il attendait son réveil, espérant qu'il soit rapide, et que sa fièvre ait disparu.

Elle était incompréhensible et très difficile à cerner. Mais Toma n'abandonnait jamais, et bien qu'il y ait une première fois à tout, ce ne serait pas cette fois là.

Quand elle se réveilla, sa fièvre avait déjà bien baissé, grâce à Toma. Elle regarda dans sa direction et quand elle vit sa tenue elle vira au rouge. Elle détourna ensuite le regard.

"H-eumh... J-je.. j'ai loupé un épisode...?"

Elle dit de manière timide et légèrement gênée. Puis elle frissonna. Malgré la chaleur ambiante, elle, grelottait. C'est ainsi qu'elle s'emmitoufla un peu plus encore dans la couverture, espérant que ça l'aiderait à avoir moins froid. Mais vu que le problème venait d'elle, ça ne l'aida pas beaucoup.

Toma regarda la malade se réveiller doucement. Elle avait reprit une couleur normale et la fièvre semblait avoir pratiquement disparue. Noeru regarda Toma quelques secondes, ouis se mit à rougir en babultiant une phrase dont Toma ne compris pas grand chose. Elle se retourna vite et s'emmitoufla de sa couverture blanche et bientôt Toma ne la vit plus.

Il ne comprenais pas vraiment ce qui venait de se passer... Il n'avait rien fait cette fois pourtant. Puis il s'observa et se souvint qu'il avait retiré son T-shirt... Il soupira alors et se demanda si elle n'était pas encore en train de se faire des idées. Définitivement, cette jeune fille lisait trop de romans à l'eau de rose, selon Toma.


" Ne te fais pas d'idées, j'avais chaud. "


Il souleva un coin de couverture qui devait cacher sa tête, mit sa main sur son front et remarqua que, même si elle était rouge pivoine, sa fièvre avait considérablement baissée. Il se mit à sourire.


" Je te fais tant d'effet que ça ? "


Il lui adressa un dernier sourire en coin avant qu'elle n'ai pu rétorquer quoi que ce soit et s'assit sur le lit. Cherchant une solution à leur problème: ils étaient enfermés tous les deux dans sa chambre, et il devait trouver un moyen pour les sortir de là.

Mine de rien elle était contente que Toma se préoccupe de son état, qu'il s'occupe d'elle, comme si elle était précieuse à ses yeux. Alors, lorsqu'il posa sa main sur son front, elle ne put s'empêcher de laisser s'échapper un petit sourire, qui s'effaça rapidement lorsqu'il lui demanda:

" Je te fais tant d'effet que ça ? "

Elle tirait à présent une mine boudeuse et rétorqua sans attendre.

"N-n'importe quoi!"

Elle avait menti, mais ce n'était pas prémédité, ça lui avait échappé. Comme si son esprit voulait empêcher son coeur de se détourner de Klaüs. Elle voulait se le persuader, mais il fallait se rendre à l'évidence, Toma ne la rendait -de loin pas- indifférente. Pendant une fraction de seconde, elle se demanda même, si elle n'était pas plus amoureuse de lui que de son ami d'enfance. Mais elle chassa vite cette idée de ses pensées. Toma était seulement plus entreprenant, il devait simplement la rendre mal à l'aise. Klaüs lui au moins était doux et ne se fichait pas des sentiments qu'elle ressentait.

Elle vit ensuite que le roux était préoccupé par quelque chose. D'ailleurs, ça l'intriguait, elle ne l'avait jamais vu comme ça. Et elle se rendit compte qu'il était aussi beau comme ça, que quand il lui souriait dans le but de l'embobiner. Embobiner... À cette pensée la noiraude se souvint qu'elle ne devait plus lui faire confiance et que c'était la dernière fois qu'elle mettait les pieds ici. Elle se rappela également qu'elle n'avait plus l'intention de lui adresser la parole. Cela la rendu triste, mais elle se dit que c'était le mieux à faire. Elle ferma les yeux, pour ne plus voir Toma.

Elle fit alors son choix. Pour elle c'était devenu claire, il fallait qu'elle oublie son beau professeur de sport. Elle changerait d'école si sa simple volonté ne suffisait pas. Après tout elle avait retrouvé Klaus et elle était sûre qu'il la suivrait. Oui, c'était la seule solution.

"M. Sayashi..."

Elle marqua une pause. l'appeler par son nom de famille était un premier pas. Malheureusement les autres seraient plus dures à réaliser. Mais elle finit par se lancer.

"Je pense que... Je pense que je vais quitter l'école... Prochainement..."

Elle avait la gorge nouée et pour ne pas pleurer, elle ne cessait de se répéter que c'était une étape, que ça serait sans doute mieux après, avec Klaüs. Qu'il fallait qu'elle le fasse, car sinon, elle risquait de ne jamais pouvoir se détacher de ce beau parleur qui avait pratiquement réussit à s'approprier son coeur.

Toma était toujours à la recherche d'une idée pour les sortir de là. Il n'avait pas encore mangé et il commençait à avoir très faim, et il supposait que Noeru aussi. Il ne savait plus quoi faire. Il avait tout tenté jusqu'à l'épingle à cheveux dans la serrure, comme dans les films d'action, mais cela n'avait évidemment pas fonctionné.

Il se tourna alors vers elle et se déconcentra quelques instants. Elle aussi semblait être précocupée, mais Toma était assuré que ce n'était pas pour les mêmes raisons que lui. Il voulut en savoir plus, mais ne s'y risqua pas et retourna à sa réflexion.

Finalement, il entendit un léger bruit de couvertures puis la voix douce de Noeru.


" M. Sayashi..."


Toma n'aimait pas ça du tout. C'était exactement le même genre de phrase que le "Il faut qu'on parle" lorsque l'on va rompre avec la personne que l'on est sensée aimer. Le roux n'avait pas l'habitude qu'on lui résiste, ni qu'on lui refuse ses avances. C'est pour ça qu'il n'aimait pas que Noeru, la jeune fille qu'il avait en vue, lui parle de cette façon là, cela ne ferait que le conforter dans l'idée qu'il avait échoué... Il ne répondit pas et la laissa continuer.


"Je pense que... Je pense que je vais quitter l'école... Prochainement..."


Toma n'en croyait pas ses oreilles... Est-ce qu'elle partait car elle le fuyait ? Sûrement. Ou bien peut-être avait-elle fait un point rapide sur ce qu'elle ressentait pour lui et pour Klaüs, et qu'elle avait choisi... Non. Toma s'était rapidement enlevé cette idée de la tête, ce n'était pas possible qu'elle choisisse cet imbécile...

Il se leva et se planta face à elle, sans la regarder. D'un côté, il se réjouissait, hors du cadre scolaire, il ne serait plus illégal qu'une relation naisse entre eux mais d'un autre, il ne la reverrai plus aussi souvent. Oui, il y avait des centaines d'autres jeunes filles, mais c'était elle qu'il voulait pour l'instant, et aucune autre. Il lui en voulait, et son amertume se lisait sur son visage. Il ne voulait pas que sa victime s'échappe aussi facilement.

Il lui saisit le menton et fit en sorte que leur regard se croisent. Elle avait les yeux brillants, ce qui montrait qu'elle ne faisait pas ce geste de gaieté de coeur non... Dans ce regard, il tenta de lui faire passer une centaines de messages, qu'il tenait à elle en fait, qu'il ne voulait pas qu'elle s'en aille... Seulement il savait qu'elle n'en verrait rien avec ses yeux embués de larmes.


" Donc tu sais ce que tu veux ? "


Il faisait allusion à Klaüs... Il n'avait pas pu s'en empêcher, il était toujours très possessif envers ses "cibles"...

Soudain, il fut prit d'une pulsion qu'il ne put éconduire, il caressa doucement les lèvres de la jeune fille puis, finalement, le contact se fit, et il l'embrassa. Il se retira presque immédiatement. Ce fut bref, mais Toma s'en fichait, il avait eu ce qu'il voulait. Sans un sourire, la mine plutôt sombre, il murmura tout de même un faible "Désolé", en guise d'excuse.

Tout ce qu'il espérait, c'est qu'elle ne lui en veuille pas, et qu'elle ne se mette pas à tout détruire car, autrement, il savait qu'il serait un des premiers à disparaître de la surface de la terre...

Après la chaleur envahissante que lui avait apporté le baiser de Toma, Noeru tourna la tête en direction de la fenêtre close et se mit à regarder le ciel. Les yeux toujours imbibés de larmes elle murmura. "Parole, parole, parole..." Sur les aires de la célèbre chanson de Dalida du même nom... En effet, la jeune trouvant la langue très belle, avait écouté quelques-unes des chansons les plus connues du pays ayant Paris pour capitale. Elle avait aussi cherchés les traductions de quelques-unes d'entres elles, dont faisait partie celle-ci.

Elle répondit à la question de Toma, sans se contenir, en lui déclarant le fond de ses pensées sans pudeur, contrairement à son habitude.

"Oui je sais ce que je veux, maintenant. Je veux que tu-... Vous arrêtiez de me manipuler, je veux que vous arrêtiez de me considérer comme un simple défis... Je suis naïve, mais pas stupide vous savez...? J'ai pas le courage de tenter de changer votre façon d'être, j'ai bien trop à perdre. Alors je préfère ne plus avoir à faire à vous, tout simplement. Je n'aurais jamais dû rentrer dans votre jeu, au tout début. J'aurais dû aller me coucher directement après que vous m'ayez dit que le couvre-feu était passé..."

Ce qu'elle ne savait pas,c'était que ses deux dernières phrases complétaient celles sur lesquelles elle s'était pratiquement évanouie. En faite elle ne se souvenait pas du tout des reproches et de la demande qu'elle lui avait faite quelques heures plutôt. Elle ajouta une dernière chose pour bien lui signifier qu'elle avait choisi Klaüs. Et c'était "Vous avez perdu.".

Le fait qu'elle ait décidé de recommencer à le vouvoyer était avant tout pour marquer une distance. "nous ne somme plus amis, tu es mon professeur, tout simplement.". En bref Toma pouvait considérer qu'il était "Retombé au point de départ". Avec un atout et une difficulté. Le point positif c'est qu'elle était déjà amoureuse de lui, en revanche, le point négatif, c'est qu'elle ne lui faisait plus confiance et qu'elle allait être beaucoup plus difficile à approcher désormais. De plus si elle allait vraiment changer d'école, ce dernier point serait encore plus proche de l'irréalisable...

Toma n'était même plus choqué ou surpris par ce genre de répliques de la part de la jeune fille. Il allait la faire payer cette fois. Elle allait payer pour lui avoir fait connaître le sens du mot "échec". Il jaugea la jeune fille du regard, un sourire arrogant se laissant entrevoir sur son visage.
Elle avait complètement ignoré ses regards et leurs significations, et il lui en voulait car elle était la seule à qui il avait démontré autant d'affection jusqu'alors, et malheureusement pour elle, lorsque l'on atteignait sa fierté, on avait affaire à un Toma totalement différent.

Toma prit alors son téléphone et appela une des jeune femme qu'il avait rencontré la veille. Il discuta un moment avec elle, puis il lui proposa un rendez-vous, dès qu'il aurait "rendu son jouet à un ami". Puis il raccrocha, défiant Noeru du regard, il ouvrit grand les bras et leva les yeux aux ciel.


" Tu vois, j'ai toutes les filles que je veux. "


Puis il se rapprocha d'elle. Certe, son précédent geste était immature, mais Toma s'en fichait, il était un grand gamin d'un côté.


" Toi par contre, tu as Klaüs... Mais visiblement, tu n'es pas au courant de grand chose à son sujet. Tu le choisis lui ? Très bien. Mais pas la peine de penser à regretter ton choix. Ce n'est pas moi qui ai perdu, mais plutôt toi. Parce que moi, je n'ai pas besoin de toi."


Il s'ébouriffa les cheveux. Il était furieux contre elle, et contre lui-même. Il essayait de ne pas le laisser transparaître, mais à présent qu'il avait "enclenché la machine", son désir de vengeance s'était quelque peu atténué, mais il n'en restait pas moins en colère contre elle.
Il prit son menton entre son pouce et son index, un sourire en coin, mais un air traduisant son envie de se venger affiché sur son visage, il la fixa, l'embrassa sur la joue, puis lui murmura:


" Je te félicite, tu es devenu mon jouet préféré."


Il soupira un instant, puis il murmura au creux de son oreille, montrant du doigt sa poitrine, du côté où se trouvait son coeur.


" Ca fait mal hein ? Tu vois ce que tu me fais subir depuis hier ?"


Et il s'écarta d'elle.

Toma avait été trop loin. Son envie de lui faire payer était devenue beaucoup plus forte qu'auparavent.

"Ton jouet préféré?"

Elle sourit. Puis elle se leva et d'un pas lent et pas très sûre, se dirigea vers la fenêtre qu'elle ouvrit tout d'abord avec difficulté. Elle regarda Toma et lui dit d'un aire mélancolique et légèrement joueur:

"Tu sais, c'est Klaüs qui m'a révélé ce que je représentais à tes yeux, c'est un gentil garçon et il ne peut rien me cacher. J'ai d'abord refusé de le croire mais..."

Elle monta sur le rebord, en manquant de tomber à cause du manque d'équilibre.

"Alors voyons voir comment.. L'enfant réagit lorsqu'il casse... son Jouet favori"

Elle ne lui laissa pas le temps de répliquer. La jeune fille regarda le sol, situé une dizaine de mètres plus bas et se laissa tomber. Elle n'avait pas vraiment réfléchit. Trouvant en sa phrase une merveilleuse occasion de lui faire du mal, elle n'avait pas pensé une seconde qu'après il n'y aurait plus rien.

En fait elle était au courant de l'arrangement qu'ils avaient fait, Klaüs et lui. Comme dit précédemment, le démon n'avait pas réussi à tenir sa langue.

Sa chute n'avait pas été mortelle, elle avait eu beaucoup de chance, mais elle n'arrivait pas à bouger, son corps lui faisait beaucoup trop mal. Elle restait là, sans rien faire, les passants s'étant attroupés autour d'elle. Elle ferma les yeux, les voix se faisaient de moins en moins fortes, la douleur était de moins en moins présente. Son cerveaux était en train d'arrêter la machine, pour diminuer les battements de coeur et ainsi retarder l'hémorragie. En atterrissant, le choc, en plus de lui casser plusieurs os, lui avait explosé de nombreuses vaines principales. Un homme avait appelé une ambulance qui n'allait pas tarder à arriver pour l'emmener d'urgence à l'hôpital. Elle ne l'entendit pas, étant déjà évanouie...