Discussion. [PV: Toma Sayashi x Noeru Aiza

Toma avait cassé sa porte, enfilé juste une petite veste sur son torse nu et s'était précipité à l'hôpital en taxi suite au geste de Noeru. Il n'y avait pas à dire, cela l'avait choqué, et lorsqu’il l'avait vu monté sur le rebord, il ne s'attendait tellement pas à un acte de cette nature qu'il n'avait pas réagit. Oui, Toma s'en voulait, et si elle ne s'en sortait pas, Toma s'en voudrait toute sa vie d'avoir laissé une telle chose se produire.

Il attendait depuis plusieurs heures déjà, agressant chaque médecin ou infirmière qui passait. Il voulait absolument savoir ce qu'il était en train d'advenir à son élève. Mais d'un autre côté, il lui en voulait énormément. Elle lui démontrait une nouvelle fois qu'elle était prête à tout pour lui donner tort. Il détestait cette attitude et était bien décidé à le lui faire savoir lorsqu'elle se serait réveillée.
Ces quatre heures d'attente avait été longues, mais Toma n'en avait pas tenu compte, étant donné l'état d'inquiétude dans lequel il se trouvait. Finalement, une jeune femme qui semblait être médecin s'avança vers lui, les joues rouges.


" Mademoiselle Aiza va bien. Elle se trouve dans la chambre n°215, vous pouvez aller la voir si vous le désirez."


Il lui adressa un sourire qui la fit rougir encore plus. Non, même dans de pareilles circonstances, Toma ne perdait pas le nord. Il s'approcha d'elle et lui murmura à l'oreille un "Merci!", puis il se dirigea vers la chambre où se trouvait Noeru. Elle avait les yeux clos et, même avec ces quelques ecchymose sur le visage et sur les bras, Toma la trouva sublime. Il s'approcha d'elle et s'assit sur la chaise à côté du lit, prenant la main de la jeune fille, comme pour lui signaler qu'il était là, et qu'elle pouvait compter sur lui. De sa main libre, il lui caressa le visage, écartant quelques mèches de cheveux de son visage endormi, veillant à ne pas toucher les blessures, pour éviter de la réveiller. Il murmura alors!


" Tu m'as fait une de ces peurs... S'il te plaît, ne me refait plus jamais ça."


Et il mit sa tête sur la couverture, et se plongea dans un demi-sommeil, il était épuisé à cause de sa nuit blanche, mais aussi à cause de cette journée plus que mouvementée...

Lorsqu'elle se réveilla, son corps était douloureux, surtout lorsqu'elle respirait, à causes de ses deux côtes cassées. Heureusement pour elle, la colonne vertébrale avait été épargnée, elle n'avait rien eu de réellement "grave". Ou du moins, rien qui n'aurait un impact conséquent sur son futur, comme un handicape, ou autre.

Elle ne remarqua pas tout de suite son professeur, les pensées distraites par diverses questions et auto-reproches. Comment avait elle put être assez stupide pour faire ça? Le fait de vouloir se venger ne devaient pas compromettre sa propre existence en ce monde, elle ne voulait pas mourir...

Quand elle s'aperçut enfin de la présence du roux, elle fut encore plus mal à l'aise. Il allait surement lui faire des reproches ou encore la couler un peu plus avec une phrase comme "Tu croyais vraiment que ça me ferait quelque chose?" où encore "Je te pensais plus forte que ça.". En ce moment elle voulait disparaître, devenir une poussière pour ne pas avoir à se soucier des réactions des autres, pour ne pas avoir non-plus, à tomber amoureuse, ne pas souffrir, ne pas sentir la douleur... En faite, se confronter à Toma était la dernière chose qu'elle aurait pu désirer. Elle n'allait pas tarder à subir les conséquences de son acte. Enfin... Le deuxième flot de conséquences... Elle avait déjà eu la douleur, le fait d'être à l'hôpital, malgré l'aversion qu'elle avait pour ce dernier.

Sa douleur à la poitrine, s'accentua lorsqu'elle le vit ouvrir les yeux, son coeur battant pour le coup, beaucoup plus vite et sa respiration s'intensifiant un peu. Elle détourna bien vite son regard de lui, le dirigeant vers la fenêtre, ouverte pour aérer. La fenêtre... Elle se revit, montant sur le rebord de celle présente chez Toma, elle frissonna.

Toma sentit un léger mouvement au dessus de sa tête, ce qui le tira de sa somnolence légère. Lorsqu'il leva la tête et qu'il s'ébouriffa les cheveux de sa main libre - l'autre tenant celle de Noeru - il aperçut une Noeru pâle et pensive, regardant par la fenêtre. Il ne préféra pas la déranger pour l'instant, mais il resserra son étreinte sur la main de la jeune fille. Il ne voulait plus qu'elle pense à cet accident...

D'ailleurs, même si auparavant il aurait voulu lui montrer à quel point il était furieux qu'il l’ait rendu si inquiet, tout avait disparu en voyant son teint pâle et son regard vide, mais aussi parce que son inquiétude l'avait épuisé. Il essaya de ne pas laisser transparaître cette fatigue, il soupira cependant faiblement.


" Noeru... "


C'était la première fois qu'il l'appelait par son prénom. Il avait perdu tout contrôle, la fatigue avait prit le dessus et il se laissait aller à ses désirs. Il en avait assez de s'être abstenu aussi longtemps de tous ces gestes, de plus, il était quasi-persuadé qu'elle tait déjà sienne...

Il serra Noeru dans ses bras, qui était pourtant dos à lui, comme si c'était la dernière fois qu'il la voyait, puis il murmura doucement:



" Je t'en supplie, ne fais plus jamais une telle chose "



Il avait chaud, il semblait que la fièvre de la jeune fille l'ait heurté lui-aussi. Il était pris de vertiges et il ne souhaitait qu’une chose à présent, c'était de s'endormir en étant sûr de savoir que les jours de Noeru n'étaient pas en danger.

Elle était surprise de la réaction du jeune homme. Et bien que son étreinte, lui causa bien plus de douleur, elle ne put le repousser... Mais malheureusement elle se rappela.. et lui en voulut atrocement. Elle ne put donc s'empêcher de lui demander:

"Et ton rendez-vous...?"

Sur un ton plus triste que de reproche. Il l'avait profondément blessée. En quelques phrases il avait réduit son coeur en miette.

Quelques heures plus tôt, lorsqu'elle était montée sur le rebord en bois, bien que la jeune souriait, ses sentiments étaient tout autres. Entendre dire, par l'homme qu'elle aime, qu'elle n'est qu'un simple jouet et qu'il n'a pas besoin d'elle, lui avait fait l'effet d'une bombe, qui avait réduit avec une facilité déconcertante, toutes ses espérances et ses sentiments les plus profonds.

Elle ne lui avait pas adressé un regard, depuis qu'elle avait vu qu'il s'était réveillé. Elle faisait ça pour se contenir, pour ne pas que ses sentiments prennent le dessus. "C'est mieux pour nous deux" se disait elle. Mais quelque part elle voulait voir son visage. Elle voulait plonger ses yeux dans les siens. Malgré la douleur, elle ne voulait pas qu'il la lâche. La noiraude n'aurait su expliquer pourquoi, mais elle se sentait en sécurité dans les bras de son professeur. Elle aimait être aussi proche de lui, sentir la chaleur de son souffle, caressant sa nuque, son parfum, la douceur de ses gestes... Le faisait-il pour la berner encore une fois? Pour la manipuler, l'avoir à sa merci à nouveau? Ou bien était-il sincère...? Elle n'en savait rien, mais à dire vrai, elle n'en avait rien à faire...

Toma desserra l'étreinte qu'il exerçait sur le corps de la jeune fille, il venait de se souvenir qu'elle se relevait seulement d'une chute d'une dizaine de mètres... Il s'écarta du lit, en fit le tout et se planta face à elle, de sorte à ce qu'elle le regarde bien en face, dans les yeux.

Il lui prit le menton et l'embrassa sur le front, bien que tenté par ses lèvres, il ne céda pas en s'en tint au front. Il la regarda encore un instant. Au fond de lui, il savait qu'il avait gagné, qu'elle était à lui... Mais en même temps, un sentiment d'avoir échoué, de dégoût de soi-même l'avait envahi. "Et ton rendez-vous ?" lui avait-elle demandé... Que répondre à ça ? Qu'à présent, il était perdu, qu'il ne savait plus où il en était et qu'elle était la seule à occuper son esprit, que ce soit en sa présence ou non... Jamais il ne le lui dirait, il ne pouvait pas.

Il la regarda, l'air désolé. Il allait lui briser le cœur, une nouvelle fois, il le savait. Toma Sayashi ne se laissait pas séduire, parce qu'il était un odieux personnage qui vivait de luxure, il ne pouvait pas s'éprendre d'une jeune fille, aussi attachante soit elle.

Il devait prendre ses distances, et il allait faire en sorte qu'elle le haïsse. Il l'embrassa finalement, un baiser bref, comme leur tout premier, mais qui avait une toute autre signification. Il ne montrait plus qu'elle lui appartenait, mais il représentait plutôt toutes les excuse qu'il aurait voulut faire, pour tout ce qu'il lui avait fait. Il se pencha ensuite vers elle, ou plutôt vers son oreille; malheureusement, il était tellement faible qu'il n'était pas aussi performant dans son jeu d'acteur... Toma espérait seulement que la fatigue de la jeune fille l'empêcherait de remarquer ce défaut.



" Je pense avoir assez joué comme ça. Adieu, Noeru."



Et il sorti de la pièce sans adresser ne serait-ce qu’un regard à l'adolescente.