Souvenirs....

La jeune fille se tenait là, sur le rebord d'une des fenêtres du dernier étage du gymnase, ses yeux, regardant le vide avec un certain malaise... On voyait à son expression qu'elle était morte de trouille, mais elle restait la, debout -ou plutôt a croupis- sur ce petit bord en acier, scrutant le vide... De loin, on pouvait croire que la brune allait sauter, mais ce n'était pas son intention; elle voulait simplement vaincre sa peur, qu'elle avait depuis quelques temps déjà, à la suite d'un accident... Les souvenirs affluaient dans sa tête, submergeant ainsi ses yeux de larmes...

Qui était-elle? Naomi Kyogi, nouvelle au lycée Wakuri. Cela faisait facilement trois semaines qu'elle était inscrite dans cet établissement. Trois semaines qu'elle assistait au cours de m. Sayashi, sans jamais lui accorder un regard, un sourire, comme toutes ces fan-girls qui lui tournaient autour. De même à Klaüs, ce bel infirmier, qui les faisaient toute craquer également... Quoi que... Chacun de ces deux protagoniste avait, tout naturellement, un fan-club, d'adolescente leur étant totalement dévouées. Les jeunes filles qui étaient dans celui de Toma, par exemple, haïssaient et maudissaient Klaüs, et inversement...

Si elle ne faisait pas attention au professeur de sport, c'est qu'elle le connaissait, bien plus qu'il ne le croyait. Elle savait que pour lui, draguer, embobiner, manipuler ces minettes, n'était qu'un jeu. Il considérait les filles comme des jouets et elle le savait, sans doute, mieux que n'importe quelle autre fille. C'est pourquoi elle ignorait ses sourires charmeur, riant intérieurement à la frustration que ça pouvait lui procurer de lui faire aucun effet. Toma détestait perdre.

L'adolescente était très belle; de très longs cheveux châtains, reflétant la lumière que dégageait la lune cette nuit là, de grands yeux bruns, qui, à défaut de leur couleur avaient une très belle forme, avouons-le, et un visage légèrement enfantin, mais avec des traits assez matures pour qu'elle fasse son âge, c'est-à-dire, un peu plus de seize ans. Elle était maquillée, mais de manière discrète. En faite elle cherchait surtout à camoufler les réels traits de son visage. Pourquoi ça? Parceque malgré tout ce qu'elle faisait croire à son entourage, la jeune fille n'était autre que Noeru...

Pourquoi faire autant d'efforts pour passer inaperçu? "Tout simplement" parce que la jeune fille se faisait passer pour morte. Elle avait demandé à Klaüs, de dire à Toma qu'elle était décédée, alors qu'elle avait tout simplement quitté la région. Mais alors pourquoi revenir et prendre autant de risque? Elle n'en avait aucune idée... Peut-être qu'elle n'était bien qu'ici finalement... Et puis... Se forger une nouvelle identité, jouer à être quelqu'un d'autre, c'était d'après elle, très amusant... Prendre d'énorme risque, sans pour autant, risquer de blesser quelqu'un, ni sois même, sans être tout fou, en pouvant rester calme et tout... Mais il y avait d'énormes inconvénients... Pour être certaine que ça marche, elle devait mettre sa sociabilité de côté. Après tout, moins de contact, moins de risque de se faire démasquer. Et ça, ça la gênait bien plus qu'elle ne le laissait paraître. Elle détestait la solitude... Et si elle n'était pas autant amoureuse, ça ferait longtemps qu'elle aurait arrêté de jouer à ce petit jeu stupide. D'ailleurs, elle n'aurait certainement jamais commencé...

Perdue dans ces pensées, dans ses souvenirs et dans ses peurs, elle n'avait pas remarqué le jeune roux, présent quelques mètres plus bas. Quand elle le vit, elle lâcha prise pour essuyer ses larmes, oubliant qu'elle n'avait que très peu de stabilité sur le fin rebord et qu'elle avait besoin de ses mains, pour ne pas tomber. Elle perdit donc l'équilibre et chuta. Cette fille, ayant apparemment beaucoup de chance, fût rattrapée par Toma. Mais la chute avait décroché sa perruque brune, qui tomba par terre, lorsqu'elle fut rattrapé par son prof' de sport.

Toma se rendait ce soir au gymnase, bien qu'il soit épuisé, il avait toujours besoin de s'entretenir. C'était un peu son moyen de se défouler. Son trimestre avait été très difficile... Et il s'était compliqué très récemment, à l'arrivée d'une nouvelle jeune fille.

Cette adolescente avait une ressemblance troublante avec l'une de ses anciennes élèves, disparues aujourd'hui. Elle s'appelait Noeru, et c'est après avoir su qu'elle avait disparue qu'il s'était rendu compte qu'il tenait réellement à elle. Seulement, il avait tout fait pour l'oublier. Il était parti à la recherche de nouvelles cibles, beaucoup moins bornées, beaucoup plus faciles. C'est en ça qu'il était fatigué, les jeunes filles se bousculaient presque toutes à sa porte, comme si elle voulait être les premières à souffrir et à être rejetées ensuite.

Toma ne pouvait s'empêcher de les trouver ridicules car, bien qu'il soit imbus de sa personne, sa rencontre avec l'adolescente aux yeux océan avait bouleversé sa façon d'être.

Car oui, Noeru avait été la seule à lui résister, et d'un côté, cette résistance lui manquait. Il aimait la voir se débattre, tout en sachant qu'elle était déjà prise au piège dans ses filets. Enfin il avait aimé ça jusqu'à ce qu'elle commette cet acte, ce fameux jour. A chaque fois que Toma y pensait, tout était bien clair dans sa tête, mais à la fois flou... Il revoyait scène par scène cette affreuse journée, où, pour l'oublier, avait fait en sorte qu'elle croit qu'elle n'était qu'un trophée à ses yeux, qu'un récompense, semblable au bonbons que l'on donne à un enfant lorsqu'il a bien travaillé... Et cela avait bien fonctionné, même trop bien. Elle avait quitté la région, et Toma avait ensuite appris qu'elle était morte, ce qui l'avait bouleversé.

Il y a peu, cette sombre époque appartenait au passé, mais c'était sans compter sur l'arrivée impromptue de cette jeune fille qui lui ressemblait tellement. En la voyant sortir des vestiaires, Toma avait ressentit une aura, une présence semblable à celle de Noeru. Les deux adolescentes avaient la même gestuelle ainsi que les mêmes expressions faciales. Seulement, à la différence de Noeru, la nouvelle élève était froide, et semblait aimé la solitude, ce que, à la connaissance de Toma, Noeru détestait.

Bref, Toma retira son T-shirt, sortit le sac de sable, mit ses bandages et commença à frapper. Il avait besoin de libérer sa colère et son mépris vis à vis de ces jeunes filles qui l'idolâtraient, de ses doutes et ses inquiétudes face à la mort de Noeru... Il ne parvenait pas à faire son deuil, il ne pouvait pas croire que la jeune Aiza ait disparu de la surface terrestre... Ce n'était pas possible. Il avait essayé de se trouver des cibles aussi intéressantes qu'elle, en vain. Toutes étaient faciles... Ce qui était bien pour l'oublier aussi, mais il lui en faudrait sûrement beaucoup d'autres avant de parvenir à la chasser complètement de son esprit.

Et non, Toma ne s'était pas enfin avoué ses sentiments pour Noeru... Il fuyait, niait toujours, déclarant haut et fort - à son esprit - qu'il ne tenait à elle qu'en tant qu'amie...

Alors qu'il frappait toujours sur son sac, Toma entendit un craquement, puis s'aperçut que la jeune fille brune qui troublait son esprit déjà embrumé depuis des semaines était en train de chuter. Il se précipita vers elle et la rattrapa, ne voulant pas voir une deuxième jeune fille, qui ressemblait en plus à Noeru, à l'hôpital...

Il regarda un instant dans le vite, remarquant des cheveux par terre... Ou plutôt une perruque. Il hésita à se tourner vers la jeune fille... Si elle était chauve, peut-être était-ce gênant pour elle que Toma la voit ainsi ? Mais trop tard, Toma avait tourné la tête et il constata bien vite avec stupéfaction que la jeune fille qu'il venait de rattraper était Noeru... Bien qu'elle ait des yeux noisette, Toma était certain que c'était elle.

Il n'en croyait pas ses yeux...


" N-Noeru ?"


Il n'y croyait pas... Elle était là, en face de lui, pile au moment où il pensait à elle... Ce devait être un miracle... Elle était revenue, et rien ne pouvait rendre Toma plus heureux en cet instant. Cependant, il ne montra rien, car s'il était heureux, il était aussi très irrité du fait qu'elle lui ait ainsi menti... C'est donc ce sentiments qu'il montra, cette colère de s'être fait trahir. Car oui, Toma l'avait prit comme une trahison.

Il l'avait reconnue...? La jeune fille regarda à terre et lorsqu'elle y vit sa perruque, elle comprit..

Elle sentait qu'il était en colère et évitait donc son regard. Puis elle se dit pour elle-même, qu'elle n'aurait jamais dû revenir...

"Vous vous trompez..."

Elle avait beau dire ça, elle savait qu'il savait. Mais le fait qu'elle veuille à ce point qu'il ne s'en soit pas rendu compte, faisait qu'elle avait menti. Puis elle se demanda pourquoi elle l'avait nié... Après tout, l'avouer lui rendrait sa liberté, elle pourrait de nouveau être elle-même, recommencer à se faire des amis, ne plus être seule et plein d'autres choses qui lui manquaient tant depuis qu'elle avait pris cette identité. Alors, elle lui dit, d'un aire boudeur et pas très décidé, en hésitant tout d'abord:

"... J'avoue..."

Elle planta ses yeux droit dans les siens et le défiant légèrement du regard, continua:

"Et alors?"

Elle ne voulait pas se brouiller avec lui, alors qu'il s'étaient tout juste retrouvés, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher, Toma l'irritait. Elle se sentait constamment en "compétition" avec lui, elle ne se l'avouerait jamais, mais elle aimait répondre à ses provocations, faire "plus fort que lui". Elle n'aimait pas lui faire du mal, mais elle aimait gagner, tout simplement...

Elle n'était pas partie pour ça, elle n'avait pas demandé à Klaüs de lui rapporter sa mort pour cette raison, non. Si elle l'avait fait, c'était pour l'oublier, pour qu'il n'y ait vraiment plus aucun lien entre eux. Mais elle n'avait pas résisté à la tentation de revenir et maintenant elle était "dans le pétrin".

Pendant ces trois semaines elle avait pu bien l'observer, de loin. Il n'avait pas changé le moins du monde... ça lui avait fait beaucoup de peine, naturellement, mais d'un autre côté elle s'était dite que c'était normal, que c'était Toma, quoi... Ce répétant les phrases clichés comme: "t'espérais quoi, ma vieille, qu'il regrette?"...

Maintenant qu'elle était dans ses bras, aussi proche que la dernière fois qu'ils s'étaient vus, à l’hôpital, elle se rappela à qu'elle point elle se sentait bien, lorsqu'il la serrait contre lui. Elle alla jusqu'à se demander comment elle avait fait pour vivre sans ça, sans se contacte, cette douceur, cette chaleur... Elle se rendit compte à quel point ça lui avait manqué et se blottit un peu plus contre son torse, rougissant. Peut importe comment il allait réagir, elle s'en fichait...

Toma fut surpris de voir qu'elle essayait de contredire encore les faits. Il sourit, en fait, si la nouvelle élève ignorait ses sourires, c'est parce qu'elle savait qu'elle ne pouvait plus se passer de lui mais que, comme c'était dans sa nature, elle ne voulait pas se l'avouer et elle continuait de nier l'évidence.

Puis finalement elle s'avoua vaincue, elle avait perdu cette bataille, mais elle continuait tout de même à se rattacher à cette compétition omniprésente entre eux. Elle lui lança un "Et alors ?!" et Toma n'apprécia que très moyennement.

Il la vit se blottir un peu plus contre lui, rougissant. A vrai dire, ce n'était pas pour lui déplaire... Mais il la déposa sur le sol puis lui jeta un regard à glacer le sang. Il lui en voulait, il ne pouvait pas dire le contraire. Et s’il était heureux de la savoir en vie, le fait de savoir qu'il s'était fait tromper par elle l'avait blessé. Il se renfrogna un peu plus encore et frappa dans le vieux sac de sable à côté, qui se déchira sur le coup, et le sable se déversa alors par terre. Il avait besoin de se libérer de beaucoup d'émotions... Mais il n'y parvenait pas.

Il était partagé entre le désir de la prendre dans ses bras, et celui de lui faire tous ces reproches... Il voulait lui dire à quel point il lui en voulait, elle s'était joué de lui, sr un terrain que lui-même n'aurait jamais osé jouer. Il planta son regard émeraude, assombri par le ressentiment.


" Je ne te pensais pas aussi peu mature..."


Il soupira. Il détestait le fait que, alors qu'il était parvenu à l'oublier, elle soit réapparue dans sa vie.


" Tu sais à quel point je me suis haï, tous ces mois ? Même moi, je n'ai jamais joué à ce jeu là..."


Il la regarda dans les yeux, plus froid et l'air plus furieux que jamais. Il la détestait oui, mais à la fois, il l'appréciait trop pour pouvoir lui en vouloir pendant longtemps. Seulement, il ne le lui dirait jamais, en dépit de ce qu'elle avait fait pour se cacher de lui.

Elle ramassa sa perruque, qu'elle remit sur sa tête, en prenant soin de cacher tout ses cheveux noirs dessous. Après un dernier ajustement elle se retourna et lui répondit.

"Je n'avais vraiment pas l'intention de revenir et je me rends compte maintenant que le faire a été une énorme erreur..."

Elle marqua une pause et repris avec une voix plus tendre.

"Si je t'ai menti ce n'était pas par simple jeu... et puis après tout c'est toi qui m'a dit adieu..."

Elle réfléchit encore, elle ne voulait pas qu'il interprète mal ses propos, elle voulait chasser se flou, cette incompréhension. Alors, elle continua, sans le regarder, fixant le sol, comme si ce qu'elle voulait dire y était incrusté.

"Je voulais juste couper les derniers liens qui nous... "Reliaient"... Alors faire dire à Klaüs que j'étais décédée était d'après moi, la meilleure solution."

Elle leva ses yeux vers lui.

"Mais je ne suis encore qu'une enfant tu sais...? Je n'ai pas eu la résistance nécessaire... Pour continuer à vivre loin de..."

Elle s'interrompit. Si elle continuait sa phrase, elle allait dire clairement à Toma qu'elle était amoureuse de lui et ça, elle ne le voulait pas. D'un côté car elle lui avouerait qu'il avait gagné et de l'autre, car elle déclarerait une autre défaite, celle de l'oublier.

Elle tilta alors. Il s'était vraiment détesté? Elle avait beaucoup de mal à le croire, mais elle ne put s'empêcher de s'en vouloir. Elle n'avait pas imaginé une seconde que ça lui ferait de la peine. Au fond d'elle, elle l'ésperait, mais elle n'avait pas pensé que ça lui ferait vraiment quelque chose...

Toma écoutait Noeru parler, sans vraiment l'écouter à vrai dire. Il ne faisait pas attention à ce qu'elle disait, jusqu'à ce qu'elle prononce ce début de phrase: "Je n'ai pas eu la résistance nécessaire... Pour continuer à vivre loin de..." Mais elle s'était arrêtée avant la fin, et Toma savait qu'elle ne la finirait pas car cela la trahirait. Il sourit. Elle était toujours aussi maladroite, que ce soit par ses gestes ou par ses paroles... Elle s'était toujours trahie et cela n'avait pas changé.


" Loin de moi ?"


Toma avait terminé sa phrase, et il savait que la jeune fille nierait tout, mais lui avait très bien compris, car il était loin d'être idiot... Il s'approcha d'elle, son sourire ayant disparut de la surface de son visage.


" De toute façon, c'est ce que tu souhaitais non ? Que je n'arrive pas à t'oublier... Tu as donc fais en sorte de me torturer l'esprit pendant tout ce temps. "


A vrai dire, ce qu'il disait là n'était pas tout à fait vrai, il avait réussi à l'oublier, mais pendant un très court moment, jusqu'à son retour. Mais oui, le fait de la savoir disparue lui avait fait sentir tellement mal, qu'il en était venu à se poser plus de questions en deux moi que dans sa vie entière... Était-ce de sa faute ? Avait-il vraiment gagné finalement ? Et plein d’autres questions de ce genre là...

Il planta son regard dans celui de la jeune fille et s'approcha d'elle doucement. Il la prit alors dans ses bras, la serrant de toutes ses forces. Oui, elle lui avait manqué.

Elle mit un moment avant de répondre, réfléchissant, pas à ce qu'elle pouvait dire, mais à ce qu'elle voulait réellement. Il l'avait remise en question. En fait, elle s'apprêtait à nier, mais lorsqu'il lui avait dit qu'elle avait fait ça juste pour le torturer, elle dut réfléchir. Oui, quelque part elle voulait qu'il souffre, car ça aurait voulut dire, qu'elle n'était pas comme toutes ces filles, à ses yeux. Mais elle se connaissait un minimum, elle savait que jamais elle n'aurait fait ça exclusivement pour se venger; elle n'était pas comme ça.

Elle avait aussi été déconcentrée, par l'acte de Toma. Le jeune homme la serrait à présent à présent dans ses bras, comme s'il voulait qu'elle ne s'en aille jamais, qu'elle reste avec lui... Encore une fois, les joues de la jeune fille c'était colorées d'une teinte rouge, assez prononcée. Son coeur battait plus fort; Toma avait réussi à se la "ré-approprier", en quelques minutes.

"N-n'importe quoi..."

Voilà la simple réponse qu'elle avait réussit à formuler, malgré l'émotion. Elle avait bien réfléchit et elle s'était rendu compte, que finalement jamais elle ne l'aurait fait pour le "torturer". Elle voulait simplement qu'il tienne à elle... C'était normal, non? Être aimé par l'homme que l'on chéri, quoi de plus naturel comme souhait...

Le roux sentait le cœur de la jeune fille battre à tout rompre contre son torse, il baissa les yeux vers la jeune fille, et remarqua qu'elle était rouge pivoine. Cela le fit sourire et il la serra un peu plus fort. Il ne voulait plus la perdre, ni la savoir en danger à nouveau.

Puis Toma l'entendit répondre à sa seconde affirmation. Il ne comprenait pas alors dans quel but avait-elle fait une telle chose. Elle était de loin la fille la plus compliquée à laquelle il ait eu affaire jusqu'ici, et il était à présent, plongé dans l'incompréhension la plus totale...

Il prit le menton de l'adolescente entre deux doigts et la força à le regarder dans les yeux. Il voulait comprendre... Mais il ne posa pas sa question tout de suite. Il regarda ses yeux. Son regard autrefois océan avait prit la teinte de la terre, sûrement grâce à des lentilles colorées. Mais malgré cela, il trouvait que cela lui allait à ravir, bien qu'il la préfère avec ses yeux bleus. De sa main libre, il retira la perruque noire, que la jeune fille avait remise, délicatement et la laissa tomber par terre. Puis il se mit à sourire.

Il revint alors admirer ses yeux noisette et lui murmura:


" Alors pourquoi est-ce que tu m'as infligé ça ? "


A vrai dire, il avait au départ pour intention de lui montrer à quel point il lui en voulait... Mais il constata qu'il s'était éloigné de son objectif premier. Elle lui avait menti, l'avait trahi et avait fini par blesser son ego. Il baissa le regard et éloigna la jeune fille de lui, il voulait l'oublier. Il était perdu aujourd'hui, il ne se reconnaissait plus aujourd'hui, que ce soit à travers ses gestes ou ses sentiments.

Lorsqu'il lui demanda pourquoi elle lui avait infligé ça, elle le pris très mal et ça se voyait. Elle avait pris son courage à deux mains, tout à l'heure, pour lui l'expliquer, pour que tout soit claire, mais il ne l'avait pas écouté le moins du monde. Elle allait alors dire ce qu'il voulait entendre, comme ça, elle serait sûre qu'il l'écoute, en espérant toutefois qu'il voit qu'elle disait ça sur le coup de la colère et que ce n'était pas ce qui c'était passé réellement.

"Oh pis t'a raison, oui! J'ai fait ça uniquement parce que je voulais que t'en bave un maximum! Je voulais que tu payes pour tout ce que tu m'avais fait subir par le passé! Tu sais je ne suis qu'une gamine immature alors il était tout naturel que je me venge, que je te fasse morfler! Tu as beau être le graaaand Toma Sayashi, j'étais persuadée que tu peinerais à m'oublier!"

Elle n'en pensait évidemment pas un mot, mais ses sentiments ayant pris le dessus, elle ne se contrôlait plus vraiment...

Une fois qu'elle eut fini, elle ramassa sa perruque, la planta rageusement sur le haut de son crâne et alla s'asseoir quelques mètres plus loin, dos à lui. Elle ne voulait plus le voir.

Chaque mot de la jeune fille eut l'effet d'une enclume qui frappa l'égo de Toma plus fort à chaque fois. Elle l'avait enfoncé à six pieds sous terre. Bien que, au fond, il savait qu'elle disait ça sous la colère, Toma ne put s'empêcher de lui en vouloir encore plus. Il était épuisé, ces disputes avec Noeru lui avait manqué, mais il n'avait pas envie de se disputer maintenant.


" Je te félicite, tu as réussi..."


Toma pria intérieurement pour ne pas avoir dit ça, il ne voulait pas dire cette phrase, elle lui avait échappé, mais comme il était trop tard pour revenir en arrière, il pria pour que la jeune fille n'ait rien entendu... Il détourna le regard de Noeru, évitant ses yeux, qui pourraient le trahir, le percer à jour. Il ne savait pas quoi faire si l'adolescente l'avait entendu.

Il sortit alors rapidement du gymnase, abandonnant le sac de sable déchiré, et s'assit sur la rambarde à l'extérieur de l'installation sportive, toujours priant pour que la jeune fille ne vienne pas sourire de ce qu'il venait de déclarer à voix haute, et qui lui avait échappé.

Ce qu'il avait dit était une réalité, et si la jeune fille disait vrai, alors cela signifiait qu'il avait perdu le contrôle, et qu’il devait rapidement prendre ses distances avec elle, avant que les sentiments ne le rattrapent.

Elle n'avait pas imaginé une seule seconde que Toma répondrait ça. Elle avait plutôt pensé qu'il s'énerverait, ou encore qu'il lui fasse payer en la coulant, en lui disant que vu qu'il n'avait pas besoin d'elle, ça n'avait pas eu l'effet attendu et autres phrases de ce genre. Mais non, il était resté calme et avait dit quelque chose, qu'elle avait entendu comme étant sincère... Mais s'il l'avait vraiment été, si ça 'avait pas encore été un de ses tours d'acteur, pour qu'elle tombe à nouveau dans ses bras, alors ça voulait dire qu'il tenait à elle... Et si c'était vraiment le cas, alors il l'airait encore moins bien pris que si elle était n'importe qui...

Le roux était sorti, mais elle, elle était restée là, à réfléchir et surtout pour se calmer. Elle finit tout de même par le rejoindre, s'asseyant pas très loin de lui, mais ne disant rien. Elle connaissait un minimum Toma et à son avis, il n'apprécierait pas vraiment qu'elle revienne sur ce qu'il avait dit, pas moins de vingt minutes plus tôt. Elle regardait droit devant elle, là où se trouvaient le fameux banc. Celui sur lequel tout avait commencé. Elle se souvenait que cette journée là, d'ailleurs avait été bien fatigante. Elle se souvint aussi de la naïveté avec laquelle elle avait interprété les attentions du jeune homme, qui lui avait paru si gentil. Ça lui rappela alors qu'à dire vrai il n'avait jamais été réellement méchant avec elle. Enfin... Il avait été cruel, il avait joué avec elle, mais elle ne devait pas oublier qu'il avait su se montrer adorable et même peut être sincère... Elle ne savait pas... Elle ne parvenait pas à distinguer les moments où il jouait et les moments où il était sincère; elle n'avait pas cette capacité. Mais l'adolescente était persuadée qu'il n'était pas tout noir... Elle se senti mal, pour le coup. Lui reprocher aussi durement toutes ses choses, sans avoir de réelles preuves.

"excuse-moi..."

Elle ne voyait pas vraiment que dire d'autre, mais au moins, c'était sincère, elle espérait juste que ça suffirait.

Ayant mal aux yeux, elle se baissa pour reprendre la petite boite prévue pour ranger les lentilles, ce qui fit tomber la perruque, qui n'était pas accrochée à son crâne, vu la vitesse avec laquelle elle l'avait remise après avoir fait son monologue à son professeur. Mais elle n'y fit pas attention. Elle retira ses vers de contactes, qu'elle supportait -à long terme- très difficilement. Puis les rangea dans sa poche.

Depuis qu'elle avait rejoint Toma, elle ne lui avait pas adressé un regard, peut-être par honte.. Elle ne le savait pas...

Toma était sortit prendre l'air, mais rien ne pouvait l'apaiser. Il ne trouvait pas de réponses à toutes ces questions. Il fixait le petit banc blanc, où ils s'étaient rencontrés pour la première fois. Toma s'en souvenait comme si c'était hier, et jamais, à l'époque, il n'aurait pu penser que les choses prennent cette tournure. Jamais il n'aurait pu penser ressentir quelque chose à l'égard de cette adolescente ayant bravé le règlement et le couvre-feu...

Il frappa du poing la rambarde en métal, mutilant sa main droite, à présent devenu rouge à cause du sang qui coulait à flot, il n'en fit rien. Il était furieux, contre elle et contre lui-même. Il ne savait plus où il en était, ni ce qu'il devait faire, à cause de cette adolescente. Elle avait bouleversé sa vie entière, mais à la fois, c'était lui qui était allé la voir... Il en voulait au destin de les avoir fait se rencontrer, de les avoir fait s'apprécier, et de leur avoir écrit une telle histoire.

La douleur dans sa main droite surgit alors d'un coup, il n'avait pas réfléchit un instant lorsqu'il avait frappé sur la rampe, et il n'avait rien sentit sur le coup, mais le mal était là, et la douleur maintenant présente.
Il laissa apparaître une grimace, qui s'effaça bien vite lorsqu'il entendit Noeru arriver derrière lui et s'assoir sur le banc. Le silence déjà présent avant qu'elle n'arrive devint de plus en plus gênant au fil des minutes...

Finalement, il l'entendit s'excuser, seulement Toma ne comprit pas de quoi voulait-elle se faire pardonner exactement. Mais il l'ignora. Il ne voulait plus se laisser attendrir, se laisser aller à ses sentiments.

La douleur dans sa main devint de plus en plus vive au fil des minutes, mais Toma tenta de l'ignorer, il ne voulait pas que Noeru le voit ainsi, plus faible qu'il ne l'était déjà...

Il entendit sa perruque tomber, mais ne lui adressa pas un regard. Il fallait qu'il l'oublie. Il s'approcha de la rambarde et s'y assit, regardant au loin la ville qui s'étendait en face de lui, usant de beaucoup de force mental afin d'éviter de se retourner vers Noeru et de la serrer dans ses bras. Seulement, il lui dit froidement, en retour de ce qu'elle lui avait dit chez lui, avant l'accident:


" Ne m'as-tu pas demandé de te laisser tranquille ? Tu me hais non ? Est-ce que c'est pas mieux comme ça ? Pour toi, autant que pour moi ? "


Il se mit à regarder le ciel, sans vraiment attendre une réponse de la jeune fille.

"Tu n'avais qu'à ne pas me rattraper, au moins comme ça tu aurais été débarrassé de moi."

C'était sorti tout seul. En ce moment elle aurait fait n'importe quoi pour revenir en arrière et ainsi, ne pas dire ça. Comme Toma auparavant elle priait intérieurement pour qu'il n'ait rien entendu.

Elle était contente qu'il ne se soit pas posé de question. En effet, difficile de croire à un banal "j'ai perdu l'équilibre". Comment aurait-elle pu expliquer qu'elle était montée sur ce rebord pour vaincre sa peur du vide? Ça n'était pas possible, d'après elle.

Elle soupira.

"Si tu m'avais écouté lorsque je t'ai tout expliqué, tu aurais su que-"

Elle avait tourné la tête dans sa direction et avait donc vu l'état de sa main, ce qui l'avait interrompu dans ses explications. Elle sortit donc son paquet de mouchoir dans la précipitation, se leva et se rapprocha de lui. Elle saisit sa main, le plus délicatement possible pour ne pas lui faire mal et épongea le sang à l'aide du mouchoir. Sa main était légèrement tremblante, elle se sentait inutile et avait peur d'accentuer la douleur.

"I-il.. Il faudrait désinfecter, mais je n'ai rien ici..."

Lorsqu'elle avait eu de la fièvre, Toma l'avait soigné, il avait pris soins d'elle, il s'était inquiété... Au fond d'elle, elle le savait et elle lui en était redevable. Mais elle ne faisait pas cela uniquement pour lui rendre la pareille, elle s'inquiétait réellement de son état. Elle s'interrompit, le regard perdu dans le vide.

"Excuse moi, je ne sers pas à grand-chose..."

Toma l'entendit alors lui dire qu'il n'aurait pas dû la rattraper, ainsi, il en aurait été débarrassé... Était-elle sérieuse ? Toma se renfrogna. Elle ne se rendait pas compte de ce que c'était, que d'avoir une mort sur la conscience, peu importe qui était la personne... Lui savait, pendant plusieurs mois, il avait présumé la mort de l'adolescente, et supposé qu'il en était la cause... Donc cette phrase là fut très mal prise par le roux, qui trouvait la jeune fille bien ingrate...

La jeune fille commença à se justifier en commençant à proférer toute sorte d'explications, mais elle fut visiblement stoppée dans son élan. Le roux l'entendit s'approcher de lui et, rapidement, un contact froid se fit sentir sur la main douloureuse du jeune homme. Surpris, il se tourna vers elle, le contact qu'elle avait établi était douloureux. Elle commença à essuyer, hésitante, le surplus de sang à l'aide d'un mouchoir, puis s'excusa auprès de Toma, annonçant qu'elle se trouvait inutile.

Toma retira sèchement sa main de celle de Noeru, il ne voulait plus avoir aucun contact avec elle. Il planta son regard dans celui de la jeune fille, qui était redevenu océan.


" Tu n'avais pas besoin de faire ça, je ne suis pas en sucre, tu sais."


Puis il soupira. A vrai dire, même s'il pensait qu'il devait prendre ses distances avec elle depuis plusieurs minutes déjà, il ne le souhaitait pas vraiment. Il regarda alors dans le vide, l'air sombre. Elle lui manquerait, c'est certain, mais d'un côté, il avait vécu sans elle pendant plusieurs mois déjà...


" Merci quand même."


Le roux songea alors à commettre l'acte qui briserait toute chance pour lui d'obtenir la jeune fille pour lui. S'il le faisait, c'est comme s'il offrait la victoire à Klaüs... Mais de toute façon, même si elle était déjà à lui, Toma ne lui faisait plus confiance... Elle l'avait trahi, blessé et avait désagréable vis à vis de lui... Il serra son poing blessé, d'où le sang commença à dégouliner le long de ses doigts, avant de s'écraser sur le sol gris. Il faisait cela pour la provoquer. Il se remit à regarder dans le vide, puis il dit d'une voix affaiblie:


" Je pense qu'il faudrait que l'on mette ce qui s'est passé entre parenthèses. Pour toi et pour moi, ce sera toujours mieux. En plus, contrairement à moi, Klaüs ne te fera jamais souffrir..."


Ce qu'il venait de faire là lui fendait le cœur, mais il ne le montra pas, le regard fixant le vide. Il murmura un faible "Désolé", pour résumer ce qu'il venait de dire.

Elle serra le poing suffisamment fort pour s'entailler profondément la paume. Mais tenant le mouchoir imbibé du sang de son professeur, ça passa totalement inaperçu.

"T'es con."
La jeune fille alla se rasseoir, elle avait mal pris son rejet. Si elle l'avait traité de con, c'était pour tout ce qu'il venait de lui dire. Il ne comprenait vraiment rien. L'amertume qu'elle ressentait se distinguait bien dans le son de sa voix.

"Je sais que t'a mal; en plus si tu fais rien ça va s'infecter et t'aura l'air malin quand les filles te fuiront a cause, dans les cas extrêmes, d'une main en moins."

Elle comprenait la douleur qu'il ressentait à cause de l'entaille qu'elle avait elle-même sur la main. Ça saignait abondamment et malgré le mouchoir, si Toma était un minimum observateur, il pouvait voir que ce dernier n'était jamais "asséché". Elle commençait à serrer les dents, bien moins résistante à la douleur que lui. Elle se retenait donc de pleurer comme une enfant, pensant à des choses agréables et se surprit plusieurs fois à penser au contacte de Toma, à ses étreintes... Elle se rendit compte que depuis qu'elle était ici, c'était sans doute, les meilleurs moments de sa vie, si on excluait les quelques fois où elle était avec Klaüs et où il la faisait rire, comme autre fois... Des moments malheureusement devenu rare, le pauvre, jaloux de l'attention qu'elle portait à Toma.

Elle finit par prendre, dans sa poche, un bonbon qu'elle avait eu le jour même, le mettant de manière précipitée dans sa bouche, de la même façon qu'un drogué en manque, qui avait enfin le fruit de ses désirs sous les yeux. Elle espérait que la douceur de la sucrerie, calme la souffrance qu'elle ressentait actuellement. L'adolescente ne voulait pas que Toma s'en aperçoive, ainsi elle se tourna de façon à être dos à lui, son expression traduisant de plus en plus sa douleur. Le sang coulait sur ses vêtements... Heureusement ces dernier étaient aussi noirs que la nuit, sa passait inaperçu, elle n'aurait qu'a mettre sa robe au sale, en rentrant et on en parlerait plus.

Le Banc sur lequel elle avait décidé de s’asseoir, était éclairé par un réverbère. Sans doutes pour que les gens puissent y lire, même la nuit, ce qui n'était pas très utile d'après elle. Quelqu'un qui voulait lire, le soir ou même la nuit, le faisait dans une pièce éclairé, mais surement pas dehors, surtout vu la fraîcheur, établissant à partir de la fin de journée, en cette saison...



(Ouais tavu comme elle a trop copié Toma? (non mais j'avais pas d'idée alors le fait qu'elle se blesse aussi, ça peut créer une bonne situation...))

Toma regardait toujours dans le vide, peinant à reprendre ses esprits... A vrai dire, quelques minutes plus tôt, il n'aurait jamais pensé pouvoir dire de telles choses à Noeru. Il leva le regard vers elle et vit qu'elle s'était tendue, et que son poing commençait à saigner.


"T'es con."


Elle avait dit cette phrase avec une pointe d'amertume dans la voix, mais Toma était trop concentré sur la blessure qu'elle s'infligeait. Toma était certain que, inconsciemment, elle le faisait pour qu'il s'intéresse un peu plus longtemps à elle. Oui, il en était persuadé.


"Je sais que t'as mal; en plus si tu fais rien ça va s'infecter et t'aura l'air malin quand les filles te fuiront a cause, dans les cas extrêmes, d'une main en moins."


Toma soupira et il murmura, de manière automatique, tel un robot.


" Tant que tu ne me fuis pas toi, j'en ai rien à faire."


La phrase était sortie d'elle-même, sans que Toma n'ait rien décidé. Soudain, il se rendit compte de ce qu'il venait de dire et espérait qu'elle n'ait rien entendu. Décidément, il cumulait les gaffes aujourd'hui auprès de Noeru. Il soupira, il était vraiment bien fatigué aujourd'hui...

Le sang gouttait à présent par terre, près de l'endroit où elle s'était assise. Il s'approcha d'elle et prit sa main ensanglantée. Il débanda sa main non blessée, bandages qu'il avait utilisé pour éviter de se blesser en frappant sur le sac de sable, et il banda la main de l'adolescente après avoir retiré le reliquat de sang. Il regarda Noeru dans les yeux.


" Quelle idiote tu fais... C'est quoi cette réaction ? N'est-ce pas ce que tu voulais ? Que je te laisse tranquille ?"


Il fit un nœud au bandage, afin d'éviter que celui-ci ne se défasse pas. Il adressa un maigre sourire à Noeru, un sourire plutôt triste d'ailleurs.


" Voilà. Faudra que tu désinfectes ce soir, quand tu rentreras..."

" Tant que tu ne me fuis pas toi, j'en ai rien à faire."

Son élève ne l'avait pas écoutée. Elle avait trop mal pour réussir à détourner son attention de sa blessure, bien que ce soit la meilleure chose à faire...

Encore une fois il la soignait, peut-être par simple "politesse"... Mais elle, elle n'en avait que faire, il s'occupait d'elle. Et si on excluait la douleur, elle se sentait bien. Elle ne put s'empêcher de grimacer lorsqu'il serra le bandage. Puis elle répéta, presque pour elle-même: " Tu n'as pas besoin de faire ça, je ne suis pas en sucre, tu sais.". Elle n'avait vraiment pas apprécié...

" Quelle idiote tu fais... C'est quoi cette réaction ? N'est-ce pas ce que tu voulais ? Que je te laisse tranquille ?"

Il devait sans doute parler de la blessure. Il croyait vraiment qu'elle s'était blessée pour qu'il fasse attention à elle? Ce n'était pas ce genre de fille, elle ne comprenait, d'ailleurs, pas ce genre de comportement. Non; déjà, elle ne l'avait pas fait exprès, elle avait seulement serré son poing trop fort et malheureusement pour elle, elle avait des ongles suffisamment longs pour se les planter dans la paume.

Est-ce qu'elle voulait qu'il la laisse tranquille? Oui, elle le désirait plus que tout... à l'imparfait uniquement. Elle s'était rendu compte qu'elle ne supportait pas son absence, encore moins que celle de Klaüs. Pendant ces trois mois, ses provocations, ainsi que ses baisers, presque tout en lui, l'avait manqué. Pas ce qu'il faisait, sa façon de jouer avec les filles la répugnait. Mais sa façon d'être en général... Elle appréciait jusqu'à son arrogance... Bon bien sûre, la plupart du temps, ça l'exaspérait, mais...

Une fois qu'il eut finit, elle le remerciât, tout simplement, en essayant de lui rendre son sourire malgré sa blessure. Elle ne voyait pas vraiment ce qu'elle pouvait faire ou dire de plus, mais elle trouvait ça un peu faiblard... D'après elle, jamais elle ne le remercierait jamais suffisamment pour tout ce qu'il avait fait pour elle.

" Voilà. Faudra que tu désinfectes ce soir, quand tu rentreras..."

"Je n'y manquerais pas..."

En fait elle redoutait la phase de désinfection, ce produit avait la propriété de piquer, lorsqu'on l'appliquait sur les plaies, mais elle n'avait pas le choix, elle ne voulait pas que ça tourne mal. Et elle préférait souffrir un peu plus quelque minute, que retourner dans cet endroit si triste, que l'on appelle "hôpital".

La jeune fille perdit son sourire et regarda Toma avec sérieux.

*"Jamais je ne pourrais t'oublier, car jamais je n'ai aimé quelqu'un autant que toi. Tu sais, pendant ces trois mois, j'ai fait le point et je me suis rendu compte que tu étais le plus important à mes yeux. Je me sens mieux avec toi, qu'avec quiconque, tu es l'homme de ma vie et mon souhait le plus cher, serait de vivre à tes côtés"

Toma l'embrassa, ils sortirent ensemble, ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.*

Voilà ce qu'imaginait la jeune fille à ce moment même. La suite, était un peu moins sérieuse, mais c'est ça qu'elle voulait lui dire en ce moment. Malheureusement elle n'en avait pas le courage. à la place de quoi, elle mentit essayant de lui faire passer un message qu'elle voulait qu'il comprenne.

"Klaüs est... déjà en couple."

Cela voulait évidemment dire qu'elle l'avait choisi lui. Elle savait qu'il ne croirait de toute façon pas à ça, car tout le monde savait pertinemment que l'infirmer n'avait jamais eu quelqu'un en vue -mise à part Noeru-. Alors qu'il soit en couple était tout bonnement impossible. Ajouter à ça son expression, sérieuse à souhait et ça rendait la scène presque comique.

Elle le remercia puis elle se mit à fixer son professeur de sport, visiblement pensive. Pour Toma, le temps s'arrêta à cet instant, il la regarda et se rendit compte que ce n'était qu'en sa présence qu'il se sentait bien. S'il n'avait pas formulé cette phrase tout à l'heure, Toma l'aurait volontiers prise dans ses bras mais c'était à présent impossible.


"Klaüs est... déjà en couple."


Toma ne comprenait pas... Pourquoi Klaüs serait en couple, alors qu'il aimait Noeru ? Toma était persuadé qu'il y avait une raison derrière cela. Il planta son regard dans celui de Noeru, Klaüs s'était sûrement expliqué avec elle, et Toma était certain qu'elle connaissait la raison de ce retournement de situation. Puis, soudain, une idée lui traversa l'esprit.

Il s'appuya sur la rambarde, admirant la cour et se trouvant ainsi dos à Noeru, il soupira.


" S'il fait ça, c'est pour attirer ton attention et te rendre jalouse."


Et Toma était certain que l'infirmier avait réussi. En ce moment, le roux était certain que dans la tête de son élève, ce devait être le chaos le plus total... Puis il saisit enfin, ce qu'elle venait de dire, c'est qu'elle l'avait choisi lui, mais ce qu'avait comprit le professeur de sport, c'est que c'était un choix par défaut. Le roux se renfrogna et soupira.


" Désolé, mais être ton lot de consolation, ça ne me fait pas tellement envie..."


Il soupira, essayant de masquer au maximum son énervement.

La jeune fille n'en croyait pas ses oreilles. Bon... Elle avait été maladroite, d'accord. Qu'il le prenne comme ça, avait été un risque, mais l'adolescente avait quand même décidé de le prendre. N'empêche il y avait eu du progrès, au début il avait vraiment cru à cette histoire. Elle rigola.

"Mais ce que tu peux être idiot!"

Noeru redevint un peu plus sérieuse et avec un regard presque triste, continua:

"Ce n'est pas grave, oublie..."

Elle n'avait pas le courage de lui expliquer... Et puis c'était sans doute mieux comme ça...

Puis des pensées envahirent l'esprit de la demoiselle. Les gens allaient sans doute se poser des questions, à propos de sa plaie. Surtout qu'elle se l'était faite le même soir que Toma... Elle réfléchit à comment détourner le problème... Gants? Manches plus longues? En fait elle cherchait surtout à se changer les idées, elle n'avait pas envie de se morfondre sur son échec, alors elle pensait à d'autres choses sans grandes importances.

Le ventre de la jeune gargouilla. Elle n'avait pas encore dîné et la faim commençait à se faire sentir. En effet, le dernier cours qu'elle avait eu était sport et elle n'avait pas quitté le gymnase. Elle était restée des heures accroupis sur ce rebord, résistant à la tentation de descendre et en avait oublié son repas. La seule chose qu'elle avait avalé depuis midi, avait été ce bonbon qu'elle avait mis dans sa bouche afin de -elle l'espérait- faire passer la douleur.

Lorsque Toma entendit le ventre de la jeune fille gargouiller, il explosa de rire, il savait qu'elle était différente, mais il ne s'attendait pas à une telle chose. Il lui lança un "Attends-moi là" et partit dans les vestiaires à la recherche de son sac, duquel il sortit un sandwich. Il prenait toujours un sandwich avec lui quand il venait faire du sport car généralement, il avait faim après l'effort.

Il revint auprès de Noeru et lui tendit son casse-croûte en souriant.


" Décidément, t'es pas normale... Allez mange !"


Il s'assit à côté d'elle, il essayait de faire le point. Pouvait-il vraiment ressentir quelque chose à l'égard de cette jeune fille.


"Tu sais, même si on ne dirait pas comme ça, ça me fait plaisir de te revoir. Tu m'as manquée."


Il regarda le ciel puis il décida de se lever. Il fut secoué d'un petit rire silencieux. Il se plaça derrière elle et la serra dans ses bras. Dans cette étreinte qui sonnait comme un adieu, Toma essayait de lui transmettre tout le bonheur qu'il avait ressentit lorsqu'il l'avait retrouvée, afin que le souvenir qu'elle garde de lui reste heureux. Il lui souffla une dernière fois dans l'oreille "Sois heureuse avec lui."

Puis il s'éloigna d'elle recommençant à regarder la cour du campus qui s'étendait loi devant lui.



(Désolée c'est vraiment pourri T____T)