Après les cours [TomaxNoeru]

La brune était assise au bord du terrain et regardait ses camarades courir. Étant donné qu'elle avait de l'asthme, elle avait une bonne raison de ne pas participer. En faite au départ, Noeru avait prétendu la maladie, pour éviter tout risque de se faire démasquer. Mais Naomi ayant réellement pris vie, elle avait donc pris toutes les caractéristique de la maladie, sans pour autant l'avoir pour de vrai.

Kyogi n'avait jamais souris. Elle était douce mais distante. La jeune fille ne parlait pas beaucoup... Si les gens lui demandaient un service, elle faisait un signe de tête d'acceptation ou de refus, sans poser de questions. Parfois elle amenait quelques petits paquets à Toma, sans réellement lui adresser la parole. N'aimant pas le jeune homme, elle préférait ne pas s'attarder.

Bien que distante, la jeune fille était appréciée des adolescentes et garçon de sa classe. D'une part pour sa gentillesse, deuxièmement, car bien que très belle elle ne représentait aucune menace par rapport à Toma, vu qu'elle ne s'intéressait pas du tout à lui et aussi, car elle était digne de confiance... Bien sûr il y avait plein d'autre chose, mais c'était sans doute les principaux facteur causant sa popularité.

Lassée de regarder les autres suer, elle sortit un livre et s'y plongea, ses écouteurs dans les oreilles, dissimulés par ses cache-oreilles. Elle parcourait les pages sur un air composé par un français, du nom de Yann Tiersen. La brune adorait les mélodies au piano, tandis qu'elle détestait les chanteurs. D'après elle, le son sortant de la bouche des Hommes, ne devaient servir qu'à la parole et encore. À ses dires, seules certaines personnes auraient dû êtres munies de cordes vocales et Toma, par exemple, baratineur par excellence, n'aurait jamais dû en faire partie. Dans le groupe de toutes les personnes qui n'auraient jamais dû en être équipé, elle mettait évidemment ceux qui parlaient pour ne rien dire, ceux qui utilisaient les mots comme des couteaux, les manipulateurs et bien d'autres...

Cet après-midi là, bien qu'il fasse un peu trop froid au goût de notre frileuse, il avait été décidé que le cours se feraient à l'extérieur du bâtiment. Elle s'était donc équipée de petits gants noirs, suffisamment fins pour qu'elle puisse tourner les pages de son bouquin, mais également assez chaud pour préserver ses doigts de la faible température. Beaucoup lui diraient que si elle avait participé à la leçon, elle ne serait pas aussi frigorifiée, le sport, ça donne chaud.

La journée de cours se termina sur cette leçon. Les élève étaient donc invités à aller se changer, mais elle, ne bougea pas. Après tout, étant dispensée, elle n'avait pas eu besoin de se mettre en tenue de gym et il lui était donc inutile de regagner les vestiaires.

Aujourd'hui, Toma avait eu le loisir de se lever tard. En effet, ce jour-là, il n'avait qu'un seul cours, mais pas des moindres, il avait cours d'athlétisme avec la classe de Noeru. Il n'avait cessé de penser à elle depuis leur discussion sur le toit de l'école.

A vrai dire, il la croisait tous les jours, car tous les jours, elle venait lui apporter des présents de ses admiratrices. Mais elle repartait toujours aussi vite qu'elle était arrivée, sans un bonjour, ni un au revoir, elle ne lui disait rien, comme si elle était un facteur et que lui était la boîte au lettres...

Il s'habilla rapidement, un T-shirt blanc, un short de sport noir, des baskets, ainsi qu'une petite veste, car le temps avait commencé à se rafraîchir et que, en tant que professeur de sport, il ne courrait pas beaucoup. Il jeta un coup d'œil à sa montre et remarqua qu'il était en retard, il prit alors rapidement son sac et se mit à courir vers les installations sportives du lycée. Il arriva sur place cinq minutes en retard, mais les élèves, encore dans les vestiaires en train de se changer, ne l'avaient sûrement pas remarqué.

Finalement, le cours commença et se passa très vite. A vrai dire, il avait passé ces deux heures et demi à regarder Noeru, ou plutôt Naomi, feuilleter son livre.

Le cours à présent terminé, tous les élèves étaient repartis chez eux mais elle, elle restait là, assise à lire son livre. Il s'assit à côté d'elle, sans lui adresser une parole d'abord. Il ne savait pas quoi lui dire, en la voyant s'éloigner d'elle, Toma avait compris à quel point il y était attaché, et à quel point il voulait qu'elle revienne. Il soupira.


" Rends-moi Noeru..."


Il murmura en fermant les yeux, comme s'il priait, mais en s'adressant à la jeune fille.


"S’il te plaît."

Elle fit non de la tête. En fait elle était tout à fait consciente qu'elles partageaient le même corps. La jeune Naomi était égoïste. Maintenant elle avait une enveloppe charnelle qu'elle pouvait contrôler comme elle le désirait. De plus elle savait que Noeru ne voulait pas revenir, elle le ressentait.

"De toute manière, qu'est-ce que vous feriez si je lui laissais ma place..."

Ce n'était pas qu'elle était curieuse. Elle voulait seulement qu'il la laisse tranquille en espérant qu'il ne puisse répondre à cette question.

Bien que l'adolescente ait les oreilles couvertes et son esprit plongé dans son livre, elle avait la capacité de suivre plusieurs choses à la fois. Ainsi elle pouvait répondre à Toma, sans se déconcentrer de son polars, qui pour le moment, l'intéressait bien plus que son professeur. Ce qui était surprenant, c'est qu'elle était capable de choses que Noeru, elle, n'aurait jamais pu réaliser et inversement. Par exemple en dessin, où elle était bien plus douée qu'Aiza. Tendis qu'en cuisine elle ne lui arrivait pas à la cheville...

Ses lèvres bougeaient légèrement au fil de sa lecture. Elle lisait dans un faible murmure, l'intrigue de son roman. Parfois elle s'interrompait et fermait les yeux pour mieux écouter le son à peine perceptible s'échappant de ses écouteurs. Naomi avait mis le volume au minimum, comme ça, elle ne serait pas totalement enfermée de son petit monde. Elle pouvait ainsi entendre la sonnerie de fin de cours, les rires et autre son encré dans un réel qu'elle voulait "posséder". À quoi bon se forger une bulle de verre, se plonger dans ses pensées alors qu'on avait eu tant de mal à en sortir. Elle voulait garder un pied sur terre, pour être sur d'y rester le plus longtemps possible...

Toma rouvrit les yeux et se mit à la fixer. Il ne savait pas comment répondre à sa question sans se trahir lui-même. Il voulait dire beaucoup de chose, mais sans en dire trop... Elle lui manquait, il voulait l'avoir de nouveau à ses côté, pouvoir lui parler, la serrer dans ses bras, et, par dessus tout, lui dire à quel point elle était précieuse à ses yeux.

Même s'il l'avait repoussée, il ne voulait pas la savoir disparue... Car le sort que lui avait accordé la jeune fille était pire que l'annonce de sa mort, car elle était là, son corps était là, mais son esprit, sa personnalité s'était évanouis et Toma ne pouvait s'assurer qu'il pourrait la retrouver un jour... Comme si elle avait perdu la mémoire, ou qu'elle était dans le coma...


" J'ai beaucoup de choses à lui dire..."


Il se leva, déterminé, il allait provoquer la Noeru qui s'était cachée derrière cette Naomi que Toma ne pouvait plus voir en peinture. Il lui prit le menton entre deux doigts de sa main droite et planta son regard émeraude dans celui de la jeune fille. Il la détestait, pour lui avoir enlevé la personne à laquelle il tenait le plus sur ce campus. Il colla son front à celui de la jeune fille, fixant toujours ses yeux bruns, lançant presque des éclairs.


"De toute façon, je te ferais payer, de me l'avoir enlevée."


Le roux remarqua que la jeune fille avait même changé son parfum, et cela le mettait hors de lui, il sentait vraiment les choses lui échapper, il en avait assez, mais ne voyait pas comment titiller la jeune fille qui avait revêtu ce masque, afin qu'elle l'enlève... C'était devenu trop compliqué...

"Vous semblez oublier que c'est vous qui l'avez faite fuir..."

Elle le repoussa, elle n'aimait pas son contacte.

La jeune Kyogi aimait de moins en moins Toma, il avait du culot. Après tout elle, elle n'avait fait que prendre la place qui c'était libéré, ce n'était pas comme si elle avait forcé Noeru. Elle ne savait pas ce qui s'était passé entre eux deux pour que l'âme d'Aiza aille se blottir au plus profond de son être. Tout ce qu'elle savait c'était qu'il avait été suffisamment cruel pour qu'elle renonce jusqu'à son envie d'exister en tant "qu'elle-même".

Elle se décala d'un cul et recommença à bouquiner, façon de dire que la discution était terminé, qu'il l'avait bien cherché et qu'il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. Elle arrivait à un moment fort de l'intrigue. Le genre d'instant ou l'on ne souhaite être dérangé sous aucun prétexte.

Toma resta debout, sans rien dire et sans rien faire... Ce qu'elle venait de lui dire était vrai, c'était lui qui avait fait disparaître Noeru, qui l'avait brisée... Il s'en voulait, et le fait qu'une personne extérieur lui rappelle ce fait eu l'effet du claque.

Son visage s'assombrit un peu plus encore. Il marcha doucement jusqu'à la jeune fille. Elle avait marqué la fin de la discussion, mais Toma était loin d'en avoir terminé avec elle.


"Et si elle voulait revenir, tu la laisserais ?"


Tout dépendait de la réponse, dans quel cas Toma agirait, et ferait tout ce qui est en son pouvoir afin de faire disparaître cette Naomi. Comment ? A la manière de tout Dom Juan, il la briserait, comme il l'avait fait involontairement avec Noeru.

Il se rapprocha d'elle et lui demanda si elle la laisserait revenir. Pour Naomi la réponse était évidente, elle n'eut même pas besoin de réfléchir. Et c'est accompagné d'un signe négatif de la tête qu'elle lui répondit.

"Je suis bien, ici..."

D'après elle, ce corps lui avait été offert et c'était son droit de le garder.

On sentait la nuit approcher, le soleil épousait les montagnes et l'air se rafraîchissait de plus en plus. Comme il commençait à faire sombre la jeune fille aux cheveux ébènes ferma son livre et le posa à côté d'elle. L'air qui lui léchait le visage et le corps, la fit frissonner. La demoiselle avait une toute petite horloge aux contours plaqué or, accroché au bout d'une chaîne de même couleur. Cette dernière sonna; il était tout juste six heures.

L'adolescente sursauta. Le retentissement était un faible tintement qui ressemblait étrangement à celui d'une clochette, mais il avait suffit à lui faire peur. Naomi prit l'objet en main et regarda l'heure qui y était affichée, comme si elle n'avait pas entendu le nombre de coup que le pendentif avait émis. Puis elle se dit à elle-même, dans un murmure:

"C'est l'heure de manger..."

La jeune fille dînait tôt, mais ne prenait jamais de goûter. Elle récupéra le livre et se leva, puis s'adressant à son professeur lui dit:

"Excusez-moi, je vais devoir y aller..."

Il vit la brune à côté de lui secouer la tête et lui dire qu'elle était bien ainsi, à la place de Noeru. Toma bouillonnait de l'intérieur, il n'en pouvait plus de son absence, et même s'il était conscient que c'était de sa faute, il ne pouvait pas laisser faire ça.

La jeune fille s'apprêtait à partir, mais Toma n'allait pas laisser passer ce qu'elle venait de dire. Il lui prit la main et l'attira contre elle, décrochant ainsi sa perruque noire. Ils étaient très proches, mais elle le dégoûtait, il la haïssait plus que tout au monde. Et bien que la perruque soit tombée, il voyait ces yeux couleur terre qu'il détestait tant.

Jamais, durant ces dix-neuf ans d'existence, il en était venu à ressentir une haine si profonde envers une personne, qui plus est une femme... C'était nouveau pour lui, mais il ne faisait plus de différence. Il lui adressa un sourire machiavélique, qui prévoyait ce qu'il allait faire.

Il se pencha vers elle, à la hauteur de son oreille et il murmura:


"Je ne laisserai jamais faire une telle chose."


Et il était déterminé à rester ici toute la nuit s'il le devait, mais il voulait que Noeru lui pardonne, et que, de cette façon, elle revienne.

Mais l'adolescente restait calme et regardait droit devant elle.

"Lâchez-moi."

Elle ne le comprenait pas. Pour elle, Toma avait clairement fait comprendre à Noeru qu'il ne voulait pas d'elle, qu'elle n'était rien à ses yeux. Alors pourquoi s'acharnait-il? Voulait-il pourrir la vie d'une seconde personne? Elle?

"Vous l'avez tué, elle ne reviendra pas."

En réalité elle n'en avait aucune idée, de ce que comptait faire sa créatrice, mais elle voulait que Toma lui foute la paix définitivement. Elle espérait qu'après lui avoir dit ça, il abandonnerait, tout simplement.

Elle récupéra la perruque, qu'elle ne prit pas la peine de remettre, se décala encore une fois et le défia du regard. Elle voulait avoir le moins de contactes possibles avec ce démon qui avait déjà brisé le coeur de pas mal de femmes et elle ne voulait pas en faire partie. Noeru avait commis l'erreur de se laisser embobiner et ça l'avait totalement détruite. Elle, elle ne se laisserait pas faire.

Si les femmes étaient des papillons, alors Toma était le collectionneur. Il était celui qui épinglait ses prises sur un lugubre panneau. Alors elle elle ne se ferait pas attraper, elle virevolterait évitant chaque coup de filet. Et si par malheur il réussissait à l'avoir, elle tenterait par tous les moyens de s'échapper, avant le coup fatal qui la placerait au côté du beau papillon qu'était Noeru.

"Vous l'avez tuée, elle ne reviendra pas"

Cette phrase résonnait dans sa tête, comme si son cerveau était un terrain de tennis et que, de chaque côté, les joueurs se renvoyaient cette phrase qui faisait là office de balle.

Il décida de ne pas se laisser démonter, il la plaqua contre le mur qui se trouvait derrière lui, les mains sur les épaules de la jeune fille. Il ne la lâcherait pas, et s'il n'arrivait pas aujourd'hui à retrouver Noeru, il retenterait le lendemain, puis les jours d'après. Il était bel et bien décidé à séduire cette jeune fille afin de la faire disparaître à tout jamais, seulement cette fois, il serait sans pitié, et il était déterminé à employer tous les moyens possibles afin qu'elle soit sienne. Et encore, si jamais il ne parvenait pas à en faire un trophée, il espérait éveiller la jalousie de la Noeru qui était tapi dans un coin de sa tête.

Il soupira, puis se mit à afficher un sourire à la fois arrogant et démoniaque.


" Noeru n'est plus là tu dis ? Tant pis. Maintenant je t'ai toi."


Il la regarda avec une lueur de défi dans les yeux, il se pencha vers son oreille et lui susurra:


"Pour moi, vous n'êtes qu'une seule personne. Et comme je veux Noeru, tu es destinée à être mienne."


Il embrassa sa joue et se mit à admirer ses pupilles marron, qu'il haïssait plus que tout au monde aujourd'hui. Bien sûr, il avait menti en disant qu'il pensait qu'elle et Noeru ne formait qu'une seule personne, mais c'était un moyen de montrer qu'il serait prêt à tout. Il se redressa et lui adressa un sourire sadique, digne des plus grands tortionnaires.


" Je tiens beaucoup trop Noeru pour la laisser à un autre. Tu es condamnée."

"Si vous teniez réellement à elle on en serait pas là."

On lisait dans son regard qu'elle ne se laisserait pas faire. Elle avait la même expression de haine qu'Aiza lorsqu'elle lui avait présenté la boîte de biscuist qu'elle avait, au préalable, écrasé. Comme si la jeune fille avait repris possession de son corps pour lui faire passer ce message. Mais ça n'était qu'illusion. Noeru ne voyait rien, n'entendait rien. Elle ne savait pas ce qui se passait actuellement; elle s'était plongée dans un sommeil, semblable à celui de la belle au bois dormant.

Il se mit à pleuvoir des trombes d'eau, pratiquement d'un seul coup. L'adolescente avait froid et faim et elle souhaitait regagner sa chambre. Elle avait de nombreux devoirs pour le lendemain, qu'elle n'avait pas encore fini. Les gouttes de pluie ruisselaient le long de sa nuque, pour ensuite dégouliner lentement dans son dos, suivant le tracé de sa colonne vertébrale. Voulant protéger sa précieuse horloge, au mécanisme fragile, elle la glissa à l'intérieur de sa robe, à la couleur plus foncée que le plumage d'un merle, qui commençait d'ailleurs à lui coller à la peau. Ses cheveux teintés encres, commençait à faire de même, s'agrippant à ses joues, comme un enfant apeuré, à la jupe de sa mère.

Comme si ça n'était pas suffisant et que le sort s'acharner sur la frileuse, une légère brise glacée se leva, ce qui la fit aussitôt claquer des dents. Son regard n'était plus aussi sûr. Et presque en l'implorant du regard elle lui demanda d'un air qui restait boudeur malgré tout:

"Laissez-moi partir... S'il vous plait..."

Son livre était totalement détrempé, foutu. Jamais elle ne connaîtrait l'identité de l'assassin et étant persuadée que c'était sa faute, elle lui en voulait. Maintenant c'était la guerre. Pas simplement à cause d'un stupide bouquin, mais surtout parce que le jeune homme avait l'air déterminé à lui pourrir la vie.

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Naomi Kyogi en entier:

Toma appréciait beaucoup la lueur de défi qui brûlait dans son regard. Tellement que ça le fit sourire. En clair, il prenait cela comme un défi à relever. Naomi Kyogi devait être sienne, et il ferait tout pour que cela advienne, un jour ou l'autre.

Bien sûr, il n'oubliait pas Noeru, prisonnière de son propre corps qui était maintenant contrôlé par un personnage qu'elle avait créé pour se protéger. C'est comme si elle s'était endormie suite à un mauvais sort, et si elle était à présent elle était la Belle au Bois Dormant, pour la réveiller, il lui fallait un baiser de son prince charmant. Toma sourit à cette idée.

Sans écouter la prière de la jeune fille, qui voulait à présent s'en aller, il lui prit le menton et déposa ses lèvres sur les siennes, en espérant que Noeru refasse surface, mais aussi pour montrer à la jeune fille qu'il était réellement prêt à tout, et qu'il n'hésiterait pas à employer les grands moyens.

Il vit la jeune fille frissonner, elle semblait frigorifiée. Toma, même s'il lui avait déclaré la guerre, n'était pas assez fou pour laisser une de ses cible tomber malade. Il retira sa veste et la lui déposa sur les épaules, puis il sortit des gants de sa poche, qu'il enfila par dessus les gants fins et trempés de la jeune fille et ce, sans lui demander son avis.

Il lui sourit.

"J'espère que tu te rends compte à qui tu déclares la guerre."

Au contacte de ses lèvres, Naomi senti une douce chaleur qui l'envahissait un peu plus chaque instant. Oui, à l'aide de ce baiser, Toma avait bel et bien réveillé quelque chose en elle... Après tout, Kyogi était une autre facette de Noeru, qui aimait Toma de tout son être... La jeune fille était déboussolée elle ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Elle ne comprenait pas la douceur de ce sentiment pourtant suffisamment violant pour la prendre au tripes...

Perdue dans ses pensées, elle n'avait pas remarqué que Toma lui avait déposé son manteau sur ses épaules. Elle fût ramenée à la réalité, lorsque qu'il prit ses mains pour lui enfiler une deuxième paire de gants. L'adolescente regarda Toma avec un regard traduisant l'incompréhension la plus totale. Puis son expression se durcit.

"Ne crois pas que j'aie besoin de toi!"

En réalité elle le craignait, elle avait peur de l'impact qu'il avait sur elle. Elle agissait comme un chaton égaré, hérissant ses poiles et soufflant à l'inconnu qui avait osé approcher sa main pour le caresser.

Elle lui rendit ses affaires. La jeune fille n'avait pas réussi à se contenir. Elle était totalement perdue et elle en avait perdu son calme. D'ailleurs, c'était la première fois qu'elle tutoyait son professeur. Elle continuait de le dévisager et quand elle se rendit compte de la faible distance les séparant, son coeur se mit à accélérer la cadence. Elle sentait qu'il la tenait. Elle ne comprenait toujours pas, mais elle savait qu'à présent il avait un pouvoir bien plus grand sur elle. Comme s'il était à deux doigts de gagner la bataille qui venait à peine de commencer. Elle ne l'accepterait pas. Elle n'adhérerait jamais à l'idée qu'il soit si fort. Il fallait qu'elle s'éloigne, qu'elle contre-attaque et ce, le plus vite possible.

La jeune fille semblait perdue, et Toma fut ravi de voir que son baiser avait eut l'effet envisagé par le roux. La brune lui cria alors qu'elle n'avait pas besoin de lui, elle n'était plus aussi calme qu'auparavant, et pour preuve: elle venait de le tutoyer.

Pendant un court instant, Toma avait crut voir la jeune adolescente au regard océan, pendant un moment, il avait vu Noeru. Cela ne pouvait signifier que deux choses. Soit Noeru commençait à revenir, à refaire surface et elle ne demandait qu'à reprendre le contrôle; soit il avait déjà gagné la guerre contre la jeune fille au regard noisette.

En parlant de Naomi, l'incompréhension se lisait sur son visage. Visiblement, elle ne comprenait pas ce qu'il lui arrivait et ne parvenait pas à s'expliquer totalement cette perte de sang-froid. Elle s'était empressée de lui rendre ses affaires, mais Toma les lui remit bien vite, souriant.


" Ne sois pas stupide. Ce corps t'as été prêté, donc tu éviteras à l'avenir, d'essayer de l'abîmer."


Satisfait, il le délivra un instant. Il était à présent trempé. Ses cheveux, son T-shirt et son jogging, tout lui collait à la peau et il n'avait qu'une hâte, c'était de rentrer chez lui et de prendre un bon bain chaud afin de décongeler ce qui resterait de lui lorsqu'il arriverait à son domicile, du moins s'il y parvenait. Il sentait la fièvre monter, mais n'en tint pas compte et fit mine de rien devant la jeune fille. Il s'approcha un peu plus d'elle et lui dit dans un murmure, le sourire aux lèvres:


"Je suis un adversaire redoutable, tu ne sais pas dans quoi tu t'engages."


La fatigue que lui apportait la fièvre manqua de le faire tomber, mais il n'en fit rien et jeta un dernier coup d'œil à la jeune fille en se dirigeant vers les vestiaires doucement, les mains dans les poches. Il se retourna tout de même une dernière fois vers la jeune fille, montrant ses habits du doigt:


"T'as intérêt à me les ramener."


Et il se dirigea vers les vestiaires, où il s'assit un instant, afin de récupérer.