"Première" visite chez Toma [TomaxNoeru]

Elle attendait, le coeur battant, derrière la porte de cet appartement. Elle venait d'appuyer sur la sonnette, mais chaque seconde résonnait comme une éternité.

Le soir d'avant, son professeur lui avait prêté sa veste, ainsi qu'une paire de gant et elle était venue les lui rendre. La jeune fille, juste après l'école avait filé dans sa chambre pour récuperer les vêtements de Toma, puis avait pris le chemin le plus court pour rejoindre l'appartement du roux, qu'elle n'avait eu d'ailleurs, aucun mal à trouver. En plus, étant la déléguée de sa classe elle n'avait pas eu trop de peine à obtenir son adresse, sois disant pour lui ramener des documents importants en rapport avec sa classe. Kyogi n'allait pas tarder ici... De toute manière, connaissant Toma, elle s'attendait à ce qu'il soit en bonne compagnie, ce qui était la principale raison de son stress.

La jeune fille porta sa main à la hauteur de sa poitrine, dans l'intention de prendre l'horloge qui aurait dû sonner à ce moment précis. Il était cinq heures. Mais elle n'attrapa rien. En effet la belle ne s'étant toujours pas changé et trouvant que son bijou jurait avec son uniforme, ne l'avait pas actuellement. De plus elle ne voulait pas déranger le cours avec cet objet, tintant toutes les soixante minutes exactement.

Ses yeux faussement bruns étaient rivés sur la poignée et lorsque celle-ci bougea, les battements de son coeur s'intensifièrent plus. De sa main libre, elle réajusta sa jupe, tendis que l'autre tenait les habits pliés qu'elle avait pris soins de laver et repasser le matin même, avant de partir en cours. Elle l'avait fait par simple politesse, disait-elle.

La journée de Toma avait été horrible... Toute la journée, il avait tenté de se soigner, mais n'ayant pas l'habitude de tomber malade, toutes ces tentatives furent vaines et on pouvait facilement dire qu'il n'était pas en meilleur état, voire qu'il avait empiré.

Il devait facilement être quatre heures et demi de l'après-midi. Il décida d'aller prendre un bain chaud afin de se détendre et d'oublier les courbatures de la maladie, les migraines et la fièvre. Il faillit s'endormir dans l'eau, quand il entendit la sonnerie de son appartement retentir. Il sortit doucement de la baignoire, enfila lentement un peignoir et alla ouvrir la porte. Il avait l'air épuisé, on aurait pu croire qu'il venait de se réveiller, mais compte tenu de l'heure, on devinait qu'il était malade et qu'il n'était pas doué pour se soigner.

La porte s'ouvrit sur une jeune fille que Toma ne tarda pas à reconnaître. Il s'agissait de Noeru, ou plutôt de Naomi. Il ne tarda pas à voir les vêtements qu'elle portait dans sa main droite. Il fut surpris de voir qu'elle les lui ramenait aussi rapidement. Il toussota, et lui dit alors, la voix plus grave qu'à l'ordinaire en raison de la maladie:


"Hm... Salut. Tu me rapportes mes affaires ?"


Évidemment, c'était une question rhétorique, il savait qu'elle lui ramenait ses affaires et il avait été idiot de sa part que de lui poser la question. Il s'était mis à se gratter la nuque, à la recherche d'un sujet de discussion. Il ne savait pas trop quoi lui dire, en plus, sa tenue n'était pas très rassurante pour une jeune fille qui se rendait sur le lieu de vie de son professeur de sport, séducteur à mi-temps.


" Rassure-toi, tu ne me déranges pas. Tu veux entrer ? J'allais faire du thé."


A vrai dire c'était faux, il n'allait pas vraiment faire ce thé... Il voulait juste qu'elle reste un peu plus longtemps, car même malade, il ne perdait pas de vue ses objectifs.

Quand elle le vit apparaître dans cette tenue elle ouvrit de grands yeux. Son expression était presque comique et on voyait bien que la jeune fille s'imaginait le pire. De plus lorsqu'elle vit son air épuisé, ça n'arrangea largement pas les choses. Sa peau se colora d'une teinte rouge assez prononcé, sous l'emprise de la gène.

Mais ceci ne dura qu'une poignée de seconde. La jeune fille, lorsqu'elle avait entendu le timbre de la voix de son professeur avait réussi à rassembler ses idées et avait émis une hypothèse plus vraisemblable. Il avait dû tomber malade à cause de l'averse du soir d'avant et n'avait pas réussi à se soigner. À la question du jeune homme, elle se contenta d'un bref signe de tête en guise de réponse.

"Rassure-toi, tu ne me déranges pas. Tu veux entrer ? J'allais faire du thé."

Elle hésita, puis elle finit par lui dire d'une voix légèrement moralisatrice, mais douce à la fois:

"Vous feriez mieux de retourner vous coucher..."

Elle ne voulait pas que son état se dégrade plus et elle savait que le meilleur moyen pour qu'il guérisse, était de se reposer et en tout cas pas de se fatiguer à essayer d'établir un lien entre eux.

Elle tendit finalement les vêtements au jeune homme, signe qu'elle n'avait pas l'intention de rester plus longtemps.

Il remarqua que la jeune fille avait énormément rougit depuis qu'il avait ouvert la porte, et cela l'avait fait sourire intérieurement. Hésitante, elle finit par lui conseiller d'aller se coucher et de se reposer.

Elle avait raison, s'il n'allait pas très vite se coucher, Toma devrait s'absenter pendant quelques temps du lycée afin de récupérer, et fournir une excuse plausible... Il n'irait pas dire que, parce qu'il faisait la cour à une de ses élève, il était tombé malade.... Autrement, il serait obligé de redevenir demandeur d'emploi, et il n'y tenait pas vraiment...

Elle lui tendit ses vêtements; qu'il prit en lui adressant un "Merci", de sa voix à présent devenue rauque. Il lui sourit puis lui dit alors, comme pour provoquer une nouvelle fois la Noeru toujours présente en elle.


"T'en fais pas pour moi, je suis pas en sucre, tu sais."


Mais juste après avoir dit ça, il sentit son corps et ses paupières s'alourdir et son énergie le quitter. Il n'en revenait pas de se montrer aussi faible face à une jeune fille, il se sentait honteux mais en cet instant, il ne pouvait plus rien faire, ses forces l’avaient abandonné et il se laissa tomber au sol, cognant au passage sa tête contre l'encadrement de la porte.

Voilà quelque chose que la jeune fille pourrait retourner contre lui n'importe quand... Il espérait qu'elle ne le ferait pas, mais comme ils étaient en guerre, tout laissait à penser qu'elle ne s'en priverait pas.

Lorsqu'elle le vit tomber, elle fût trop surprise pour le rattraper avant qu'il ne heurte le sol. En effet la jeune fille n'avait que trop peu de réflexes...

Naomi était inquiète, mais elle se dit qu'il l'avait bien mérité. Elle faillit même le laisser là, pensant que c'était de bonne guerre, oeil pour oeil, dent pour dent... Elle regarda une dernière fois Toma ayant l'intention de faire demi-tour, mais quelque chose la retenait. Elle ne pouvait pas s'en aller. La jeune fille soupira.

"Tu as de la chance que quelqu'un ici, tienne à toi..."

Elle fit de son mieux pour le soulever et n'ayant pas beaucoup de force, ce fût l'action la plus pénible de l'après-midi. Le portant à moitié -l'autre traînant au sol- elle l'entraîna jusqu'à sa chambre, qu'elle n'eût pas besoin de chercher, guidée par une sorte d'intuition. Elle parvint, malgré tout avec pas mal de peine, à le hisser sur son lit. La jeune fut confrontée par la suite à un gros problème: l'homme était dessus et non sous la couverture. Elle fit le tour, tira de toutes ses force cette dernière qui était malheureusement coincée.

"C'est pas vraiiii..."

Blasée, elle changea de technique. Elle allait "enrouler" le roux dans son duvet. Elle prit les extrémités et les lança de l'autre côté du lit, puis refit le tour et coinça ses dernières sous Toma. Elle pouffa.

"On dirait un gros rouleau de sushi..."

Puis se racla la gorge. Lui était malade comme un chien et elle, ne trouvait rien d'autre à faire que de faire des blagues -même pas drôles- à propos de la façon dont elle avait était obligée de l'emmitoufler.

L'adolescente de voulant pas fouiller dans les affaires de son professeur, elle ne fit pas plus. Mais elle resta à ses côtés. Elle partirait une fois qu'il se serait réveillé et pas avant. Comme ça, si les choses se compliquaient, elle pourrait appeler un médecin. Elle prit donc une chaise et s'installa. Mais quelque chose attira son attention... La fenêtre. Elle ne parvenait pas à décoller son regard de l'ouverture... Ce rebord.. Ce cadrant.. Tout ça lui donnait la chaire de poule et pourtant ce n'était qu'un cadre de bois qui servait à retenir de simples vitres de verre...

Toma se réveilla avec un affreux mal de tête, comme s'il s’était cogné à de nombreux endroits avant de s'endormir. Il était dans son lit, mais il ne bougea pas. Dans cette position, il parvenait à voir la jeune fille, qui fixait visiblement la fenêtre comme si elle voulait l'hypnotiser. Il sourit. Noeru n'avait pas disparue non... Elle était toujours là, et Toma était certain que s'il continuait à provoquer sa mémoire, elle reviendrait totalement. Il lui dit alors, d'une voix qu'il essayait de faire douce:


" Tu devrais arrêter de regarder cette fenêtre... Tu ne te souviendras de rien d'heureux."


Il ne voulait pas que la jeune fille qu'il avait pour cible actuellement soit mise au courant de ce qui s'était passé ce jour là... En aucun cas. Car si Noeru avait fait ça, si elle avait sauté, c'était entièrement de sa faute à lui... Il lui dit alors dans un murmure.


" Merci... "


Il ne voulait pas qu'elle parte, car il serait beaucoup plus difficile de pouvoir la faire sienne, il lui fit un mince sourire puis lui prit la main, d'ailleurs celle de la jeune fille était gelée, il fut surpris. Bien sûr qu'il avait une idée derrière la tête, mais il tentait, et ce de toute ses forces, de lui demander de rester. Finalement, il se mit à penser que les mots valaient mieux que les gestes.


" Tu peux rester... S'il te plaît ? J'ai besoin de toi..."


Il espérait que ça ferait effet, qu'elle resterait avec lui. D'un côté, il souhaitais vraiment garder une présence, peu importe laquelle, près de lui en ce moment.

Elle qui n'avait pas écouté Toma lorsqu'il lui avait demandé de ne pas continuer de regarder cette fenêtre, qui lui rappellerait soit disant de mauvaises choses, fût tout de même distraite lorsqu'il lui demanda de rester avec elle. Elle tourna la tête dans sa direction et le regarda. Tout comme Noeru avant elle, elle ne le comprenait pas.

"H-hé bien.. si vous v-"

Elle fût interrompue. Encore une fois elle regarda l'endroit où été censé se trouver son horloge, c'est-à-dire au bout de la chaîne, habituellement pendue à son cou. Il était 19h très précisément. Elle paraissait déstabilisée de ne pas l'avoir sur elle. Pour aller plus loin, elle et cet objet semblaient comme "connectés". Chaque jour, toutes les 60 minutes elle prenait la pendule elle regardait l'heure puis lâchait l'objet avec soins. Apparemment ce mouvement, répété chaque heure comme un automatisme, était réalisé même lorsque ce dernier ne l'accompagnait pas. Comme si, inconsciemment, elle avait impérativement besoin de le sentir près d'elle...

Elle reprit après s'être dit pour elle-même qu'elle avait loupé l'heure du dîner:

"Je veux bien vous tenir compagnie encore un moment... si vous le souhaitez..."

Deux heures s'étaient déjà écoulées, depuis qu'elle avait appuyé sur cette sonnette. Mais on aurait dit que le temps n'avait aucun emprise sur la jeune Kyogi. Elle avait une patience incroyable. En faite, le simple fait d'observer ce monde, d'être là, suffisait à l'occuper. Comme si son ennuie avant de prendre possession du corps de sa créatrice était tel, qu'à présent, une simple feuille se décrochant de la branche d'un pommier, suffisait à sa distraction...

Toma s'était mis à observer la jeune fille, et remarqua qu'elle était complètement déboussolée. Il ne savait pas pourquoi, et cela le gênait un peu. Il n'aimait pas être ignorant.

Il semblait que la fièvre avait baissé, et il en fut plus qu'heureux. Il se leva doucement et alla dans sa salle de bain, priant à son invitée de l'attendre ici. Il se rinça le visage et revint discrètement vers elle, sans un bruit puis lui attrapa le bras, la faisant se lever, et l'attira contre lui.


"Merci d'être restée."


Il enfonça sa tête dans son cou et la serra fort contre lui, oui elle serait sienne, coûte que coûte. Et peu importe sa réaction, il avait plus d'un tour dans son sac. Il sourit alors., et lui dit dans un murmure:


"Je crois que je suis accro. "


Il souriait intérieurement.. Il se trouvait décidément formidable, et très bon acteur qui plus est.

Lorsque Toma la prit dans ses bras, elle vira au rouge. Ce sentiment que jusque là elle ne parvenait à expliquer, se fit à présent claire comme de l'eau de roche. Elle le repoussa et s'éloigna de lui. Puis elle commença à marcher vers la fenêtre; son regard exprimait à présent la peur.

"Toma... J-je ne contrôle plus rien..."

La jeune fille ouvrit la fenêtre, exactement de la même façon que quelques mois au par avant. Avec une similitude telle, que l'on croyait un enregistrement de la scène. Elle monta sur le rebord.

"Nous sommes deux à savoir que d'ici.. la chute n'est pas mortelle..."

Le timbre de sa voix avait changé légèrement. Noeru avait, poussée par une jalousie extrême, repris le contrôle de son corps, dans l'intention de le mettre en pièce. Elle voulait que Naomi souffre comme elle avait souffert. On voyait que Kyogi luttait pour ne pas lâcher les bords de la fenêtre.

"Toma je t'en supplie, aide moi!"

La brune était au bord des larmes. Cette force invisible qui l'obligeait à lâcher prise n'allait pas tarder à exaucer son désir de vengeance. Mais cette fois il n'était pas envers Toma, l'âme en peine avait pour cible sa création, qui d'après elle lui avait volé son beau roux.

Toma ne comprenait pas ce qui lui arrivait... Elle l'avait commencé à se diriger vers la fenêtre, lui disant alors qu'elle avait perdu le contrôle. Le roux était perdu. Si Naomi ne se contrôlait plus, alors cela signifiait que Noeru avait reprit le contrôle... Mais si celle-ci avait vraiment reprit possession de son corps, pourquoi se dirigeait-elle vers la fenêtre, pourquoi agissait-elle comme la fois où elle avait sauté ?

C'est lorsqu'il vit la jeune fille qui l'appelait à l'aide dans l'encadrement de la fenêtre, prête à sauter, qu'il arrêta sa réflexion. Il savait que le corps de Noeru ne supporterait pas une seconde chute comme celle-ci, et le professeur n'était pas prêt à la perdre pour de bon. Il se dépêcha, prit la main de Naomi et l'attira contre elle, la rattrapant dans ses bras, la serrant un peu plus fort encore. Il se demandait ce qui avait prit à Noeru de faire une telle chose... Mais pour l'instant, il allait rassurer la jeune fille, qui était visiblement toujours en état de choc.


"C'est bon c'est fini."


Il la fit s'asseoir dans un fauteuil, afin qu'elle puisse reprendre ses esprits. Il ferma sa fenêtre et vint s'asseoir sur son lit, en face de la jeune fille.


"Qu'est-ce qui s'est passé ?"


Toma redoutait la réponse, mais il n'en fit rien, et regarda la jeune fille en attendant qu'elle lui réponde...

La jeune fille était en état de choc, mais apparemment Noeru avait lâché prise. Puis, après un silence pesant elle répondit, la voix tremblante.

"E-elle a voulu me tuer...."

Deux jeune filles amoureuses, partageant la même enveloppe charnelle... Toma était parvenu à réveiller Noeru, pendant un court instant. Mais elle venait de lui démontrer que ce n'était peut-être pas le meilleur moyen de le faire. Aiza n'était pas préteuse et elle n'appréciait que très peu que Toma tourne autour de Naomi. De plus, comme elle ne "vivait plus", détruire son corps lui était à présent égale.

En réalité Noeru ne voyait rien, n'entendait rien. Elle ressentait. Quand Naomi avait compris qu'elle était amoureuse de Toma, sa créatrice en avait conclu que ce dernier l'avait charmé. Quand son corps était parcouru de cette douce chaleur, elle savait que Toma était suffisamment proche pour faire rougir la jeune Kyogi. Elle était au courant aussi qu'il avait fait assez fort pour faire craquer celle, qui était censée être totalement insensible au charme du beau roux...

Elle voulut prendre l'horloge dans sa main, pour se rassurer. Mouvement inutile car encore une fois, cette dernière n'était pas à son cou.

Toma s'écarta de la jeune fille en état de choc, visiblement incapable de formuler une phrase sans hacher les mots, tellement le choc qu'elle venait de subir était violent. Toma l'entendit alors dire que Noeru avait tenté de la tuer... Toma était plongé dans l'incompréhension la plus totale, il ne comprenait pas le choix qu'avait fait Noeru, qui pouvait toujours revenir, tenter de détruire délibérément son propre corps.

Il prit les mains de la jeune fille, lui aussi était en état de choc, mais surtout, il ne comprenait pas grand chose aux évènements... Il planta son regard dans celui de Naomi. Puis il se murmura à lui-même:


"Mais pourquoi elle a fait ça ?"


Il avait sa petite idée, mais il espérait que ça ne soit pas le cas... Car Toma savait à quel point les femmes jalouses étaient dangereuses, il espérait que Noeru ne refasse plus jamais surface de cette façon là, mais qu'elle revienne plutôt de manière douce, chassant Naomi de son corps, sans pour autant se détruire.

Il se leva et attira la jeune fille de nouveau contre elle, caressant le visage de la jeune fille.


"Tu devrais peut-être lui rendre son corps..."

Le jeune homme attira Naomi contre lui et lui murmura:

"Tu devrais peut-être lui rendre son corps..."

Elle le regarda et bien que la couleur de ses joues s'étaient tintées de rouge, elle avait retrouvé son calme et son visage était redevenu inexpressif.

"Maintenant c'est le miens."

Elle s'éloigna du corps de son professeur puis lui dit d'une voix douce.

"Vous devriez vous recoucher, vous n'êtes toujours pas totalement guérit..."

L'adolescente récupéra la veste de son uniforme qu'elle avait posé à côté du fauteuil et l'enfila. Elle n'allait pas tarder à partir. Il commençait à se faire tard et elle n'allait pas passer sa nuit ici. De plus sa petite horloge, qui lui était si précieuse, était restée sur son lit toute la journée. Le manque commençait à se faire sentir. En effet, Naomi portait de plus en plus souvent la main vers le haut de son ventre, pensant y retrouver l'objet.

Le soleil c'était couché et il faisait de plus en plus sombre. Elle n'avait pas peur des éventuels pervers et marcher seule la nuit ne la dérangeait pas. Ce qui la gênait, c'était la température, qui chutait souvent brusquement arrivé à ce moment-là de la journée. De plus, le lendemain, ayant cours, elle préférait ne pas aller dormir trop tard et elle n'avait pas encore fait ses devoirs...

La jeune fille qui avait, il n'y a pas deux minutes, une expression choquée sur le visage, avait récupéré son masque d'impassibilité et avait répondu à Toma en lui disant qu'à présent, ce corps lui appartenait. Finalement, elle s'écarta de lui et le pria d'aller se recoucher. Mais Toma n'en écouta pas un mot.

Si, précédemment, il était parvenu à éveiller Noeru et sa jalousie, il allait recommencer. Il s'approcha de la jeune fille et sans prévenir déposa ses lèvres sur les siennes. Il espérait seulement qu'elle ne le rejette pas... Finalement, lorsqu'il se sépara d'elle, il prit ses mains et planta son regard émeraude dans celui de la jeune fille, il prit un air surpris.


"J'avais jamais ressenti ça avant..."


Il espérait que cela suffirait à éveiller la jalousie de Noeru, car il détestait prononcer les mots "Je t'aime" simplement parce que, d'après lui, ils étaient vides de sens si on les employait envers une personne autre que celle que l'on est sûr d'aimer réellement. En gros, c'était un des seuls mensonges qu'il n'avait jamais dit...

Il écarta une mèche de cheveux de la jeune fille et la plaça derrière son oreille, tout en lui souriant.


"Ça devient trop dangereux pour vous deux. Si tu continues à posséder son corps, vous mourrez toutes les deux, et des choses comme celles qui se sont produites tout à l'heure continueront d'arriver tout les jours, encore et encore, et je ne serais pas toujours là..."


Il soupira.


"Si tu lui rend sa place, tu continueras d'exister, moi je ne t'oublierai pas, et elle non plus."

Elle l'avait à peine écouté et encore moins réagis, sachant que Toma était un baratineur de première. Seule son coeur en avait décidé autrement, accélérant le rythme, lorsque Toma avait déposé ses lèvres sur celles de la jeune fille. Mais une phrase titilla l'adolescente. Ou plutôt, un bout de phrase: "tu continueras d'exister". Elle fit un pas en arrière et son expression se durcit.

"Vous ne savez pas de quoi vous parlez."

Elle n'avait sans doute jamais été aussi froide avec lui. Puis elle continua:

"Plutôt mourir que de retourner là-bas."

Elle parlait évidemment de ce coin sombre de l'esprit de la jeune Aiza, là où cette dernière se trouvait actuellement, d'ailleurs.

"C'est un espace clos... Le silence y est pesant et il y fait si noir qu'on ne pourrait pas y distinguer sa main. Quelle main, d'ailleurs? On n'à pas de corps, donc pas de sens. L'ouïe, la vue, le touché, enfin tout, où plutôt rien n'existe. On ressent seulement les sentiments que l'autre éprouve... et Aiza, elle, était constamment torturée à ce niveau-là. Et comment ressent-on les peines? Et bien par des déchirements, des picotements, des coups; je te laisse imaginer à quel point ça fait mal! Alors jamais je n'y retournerais, jamais je ne laisserais ma place!"

Elle n'avait jamais autant parlé d'un coup. Elle reprit son souffle. Encore une fois elle voulut prendre en main son horloge, mais rien. Sa main balaya le vide avant de retourner contre sa cuisse.

"Bon allez, je vais te laisser te reposer..."

Sur ces paroles elle quitta la pièce, puis l'appartement...